Rendez-vous de la dernière chance lundi et mardi à Matignon. Edouard Philippe reçoit les syndicats et le patronat pour évoquer la réforme des retraites et tenter de calmer la grogne, alors que la grande grève du 5 décembre approche. Autour du Premier ministre, il sera forcément question de la fameuse "clause du grand-père", cette idée selon laquelle la réforme ne s’appliquerait qu’aux nouveaux entrants sur le marché du travail. L’exécutif garde cette mesure en réserve en cas de conflit dur. Mais elle est loin de faire l'unanimité au sein du gouvernement.
"Il y a un problème maintenant mais on décidera dans trente ans"
Il y a d’abord eu Jean-Paul Delevoye. Le Haut-commissaire aux retraites n’a pas caché son hostilité à la "clause du grand-père" il y a quinze jours. La semaine dernière, au tour d’Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, d’évoquer une option "pas crédible". Et dimanche encore, c’est un autre membre du gouvernement qui a fait part de son scepticisme : Gérald Darmanin.
"Si on faisait que la clause du grand-père, ce serait dans trente ans qu’on aurait une réforme des retraites. Ça n’est pas possible", a lâché le ministre des Comptes publics sur BFMTV. "Il faut un moment de concertation, évidemment. Mais on ne peut pas dire : ‘dans trente ans il y aura une réforme. Il y a un problème maintenant mais on décidera dans trente ans’. Ça, ça n’est objectivement pas possible", a insisté Gérald Darmanin.
"Mieux vaut ne pas mettre une option à la poubelle"
A quelques heures des discussions du Premier ministre avec les syndicats, Matignon n’avait pas forcément besoin de ça. "Avant de voir les partenaires sociaux, mieux vaut ne pas mettre une option à la poubelle", confie un conseiller d’Edouard Philippe. "Même si on a tous conscience des problèmes de la clause du grand père", ajoute-t-il tout de même.
Cette clause aurait en tout cas clairement des airs de renoncement. Le chef de l’Etat lui-même l’a dit vendredi : il tient à sa réforme. Pour les nouveaux entrants, mais pas seulement. Emmanuel Macron explique simplement qu’il faut trouver les bons rythmes de transition "pour tout le monde".