Avec l'aval du gouvernement, le Sénat a voté jeudi en faveur d'une pension améliorée pour les mères de famille partant à l'âge légal de la retraite, mais ayant cumulé les annuités requises dès un an avant. Lors de l'examen du projet de réforme gouvernemental, les sénateurs ont adopté par 280 voix pour, et 64 abstentions, une proposition venant de la droite et des centristes pour une "surcote" de pension allant jusqu'à 5% pour les femmes qui dépasseront les 43 annuités requises, sous l'effet des trimestres maternité et éducation des enfants. "Cela touchera 30% des femmes d'une génération" soit "130.000 personnes" par an, a indiqué le rapporteur de la branche Vieillesse René-Paul Savary (LR).
>> LIRE AUSSI - Retraites : l'article 7 adopté au Sénat, «une étape essentielle» d'après Gérard Larcher
Une mesure chiffrée à 300 millions d'euros
La mesure, chiffrée à 300 millions d'euros, va "dans le bon sens", selon le ministre du Travail Olivier Dussopt. Il a rappelé que les trimestres maternité et éducation des enfants ont été créés alors que les femmes interrompaient plus souvent leur carrière, et qu'ils deviennent "moins utiles", même s'ils doivent demeurer. La gauche a dit ses réserves, car la surcote ne compensera pas "la brutalité" du relèvement de l'âge légal de 62 à 64 ans. "Cela fait perdre un peu moins que prévu aux femmes, c'est un moindre recul", a souligné l'écologiste Mélanie Vogel.
"On arrive à la partie sucrée de la réforme", après le vote dans la nuit de mercredi à jeudi de l'article 7 consacré au relèvement de l'âge légal, "mais ça ressemble plus à un édulcorant", a taclé son collège écolo Thomas Dossus. "Les inégalités de salaire, de pension, ne sont pas réglées" entre les femmes et les hommes, a ajouté la socialiste Michelle Meunier. Les retraites des femmes sont actuellement 40% en dessous de celles des hommes, une différence réduite à 28% avec les pensions de réversion.
"Une vraie ligne rouge" pour les Républicains
Dans le détail, il sera accordé une surcote de 1,25% par trimestre supplémentaire de cotisation à celles qui dépasseront les 43 annuités un an avant l'âge légal de départ, avec au moins un trimestre de majoration maternité ou éducation des enfants. Alors que l'exécutif recherche l'appui de la droite sur l'ensemble de sa réforme hautement contestée, le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau a rappelé que son groupe avait fait de cette mesure "une vraie ligne rouge". "J'avais été accusé de vouloir une politique nataliste" par certains élus de gauche, qui finalement ont soutenu l'amendement, s'est-il félicité, saluant "une gauche sociale", par opposition à une gauche cherchant à "déconstruire" la famille selon lui.
"J'ai un doute sur la dimension nataliste" de la mesure, a cependant ironisé la socialiste Laurence Rossignol, ancienne ministre des Familles, pour qui cette surcote ne jouera pas dans la décision d'avoir ou non un enfant. L'amendement a été examiné en priorité jeudi, ce qui a fait bondir la gauche, privée de la défense d'une série d'amendements de suppression de l'article 8 du projet de loi. La droite sénatoriale cherche à accélérer les débats, plus d'un millier d'amendements restant au menu jusqu'à dimanche.