Le compte à rebours est lancé. Les députés ont jusqu'à ce vendredi, à minuit, pour aller au bout de l'examen de la controversée réforme des retraites. L'article sept, celui qui repousse l'âge de départ à 64 ans, pourra-t il-être examiné avant le couperet ? Cela semble peu probable. Socialistes, communistes et écologistes ont retiré leurs amendements pour accélérer le rythme, mais il en reste environ 3.000 avant d'y arriver, la plupart déposés par la France insoumise. Un point de discorde : "Si les insoumis retirent tous leurs amendements d'un coup, on arrive à l'article sept en moins de deux heures", explique un député socialiste.
"Dans le fond, ce qui est fait en ce moment par la France insoumise est un incroyable aveu d'impuissance. Non, Vous n'arrivez pas à convaincre cette Assemblée nationale de vous suivre dans cette œuvre de subversion des institutions? Oui, vous avez peur d'arriver au vote parce que vous avez peur de le perdre, rapporte David Valence, député Renaissance de la 2e circonscription des Vosges.
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Une stratégie pour faire basculer le vote…
Jusqu'au dernier moment, la France insoumise veut donc mettre la pression sur la majorité en restant le maître des horloges. Mais surtout, les camarades de Jean-Luc Mélenchon peuvent surprendre le gouvernement au moment le plus opportun pour eux et essayer de faire basculer le vote sur l'article sept, car il se joue à quelques voix près, affirme le socialiste Philippe Brun.
La majorité présidentielle ne sera pas présente à 100% dans l'hémicycle et leurs alliés de droite seront partis dans leur circonscription, très loin du Palais-Bourbon. Contrairement au Rassemblement National, souvent au complet, et aux députés de gauche rapidement mobilisables car souvent élus proches de Paris. Ce vote incertain effraie donc la macronie, mais également la France insoumise, puisque si leurs calculs sont faux, l'article sept sera adopté.
… mais qui divise la France insoumise
D'autant plus que le parti semble diviser en plusieurs cas. "Le premier objectif que je recommande à mes camarades : soyez les maîtres du temps, choisissez le rythme auquel vous menez la bataille et ne vous laissez pas bourrer le crâne", a martelé Jean-Luc Mélenchon, leader des Insoumis, jeudi soir lors d'un meeting à Montpellier, assumant une position "jusqu'au-boutiste" sur le dossier des retraites. Une stratégie qui agace leurs alliés de la Nupes. "On est dégoûtés", affirme un député socialiste au micro d'Europe 1.
Si le clan de Manuel Bompard prend ses consignes au pied de la lettre, d'autres clans, comme celui de François Ruffin, ou d'Alexis Corbière qui "ont le doigt dans la réalité", selon un député PS. Un groupe désuni qui pourrait payer cher cette division après la réforme des retraites. D'autant que les Insoumis doivent désormais faire face autres membres de la Nupes et aux syndicats qui souhaitaient un vrai débat sur l'âge de départ à la retraite.
Comme s'il n'y avait pas assez d'amendements, Horizon, le parti d'Édouard Philippe, vient d'en rajouter un nouveau sur les carrières longues qui est opposé à celui d'Elisabeth Borne. Ils demandent le départ de tous les salariés bénéficiant de ce dispositif après 43 annuités.
Les députés écologistes dénoncent un "raté stratégique de LFI"
Un peu plus tard dans la soirée, les députés écologistes ont dénoncé à l'AFP un "raté stratégique de LFI" sur la réforme des retraites, le parti de Jean-Luc Mélenchon ayant freiné l'examen à l'Assemblée de l'article clé sur le report de l'âge légal de départ à 64 ans. "La Nupes, ça fonctionne quand on travaille de manière concertée", a insisté la présidente du groupe écologiste Cyrielle Chatelain lors d'un entretien avec l'AFP. "Il y a un effort à faire pour passer de LFI à la Nupes", "il va falloir décider d'un acte II de la Nupes", a réclamé sa collègue Sandrine Rousseau.