Elles sont minces mais les syndicats s'engouffreront dans quelques brèches de négociations ouvertes par le gouvernement. Après une première manifestation de grande ampleur jeudi contre la réforme des retraites, le ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, a donné quelques gages vendredi sur France Inter. "On peut encore progresser et enrichir notre projet sur deux sujets. La question des carrières hachées et l'emploi des seniors. On peut probablement aller plus loin", a-t-il déclaré.
Qu'est-ce que l’index seniors que veut mettre en place le gouvernement ?
Concernant le deuxième point abordé par Gabriel Attal, le gouvernement souhaite mettre en place l'index seniors. Toutes les entreprises de plus de 300 salariés auront l’obligation, d’ici à juillet 2024, de publier des indicateurs relatifs à leur taux d’emploi de salariés de plus de 55 ans. Une manière, pour l'exécutif d'améliorer l'emploi des seniors et de redresser la barre dans certaines entreprises. Pour Philippe Martinez, le patron de la CGT, invité vendredi soir de BFMTV, il faut aller plus loin. "On oblige les entreprises à garder les salariés jusqu'à l'âge de la retraite ! Ces salariés vont au chômage, qui paye ? Les entreprises renvoient sur la société leur problème !" a-t-il lancé.
Seulement 56% des plus de 55 ans sont en activité
Selon Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques, cet index ne résoudra rien. "Ce n'est pas suffisant pour avoir des objectifs d'emploi ou de politiques publiques. Il y a plein de questions qui vont se poser sur l'organisation des entreprises, sur la formation et sur le fait aussi qu'il ne faut pas que ça se fasse au détriment des autres catégories de salariés, notamment des plus jeunes."
L'exécutif ouvert à une négociation sur la question des carrières hachées
Le gouvernement serait également ouvert à des négociations sur les carrières hachées, les carrières interrompues par des congés parentaux ou encore des congés d'aidants. Aujourd'hui, la plupart de ces personnes touchent une petite retraite. Pour Mathieu Plane, il faut leur assurer un minimum de revenus plus important. "Les 85% du Smic vont être dédiés aux personnes qui ont fait une carrière complète au Smic. Il se pose donc la question pour les personnes qui n'auraient pas une carrière complète. [À ce moment], on peut imaginer une mesure plus sociale qui ferait que le minimum contributif s'appliquerait également pour des gens qui n'ont pas des carrières complètes", indique-t-il au micro d'Europe 1.
Ces carrières concernent en grande majorité les femmes qui perçoivent en moyenne une retraite 40% moins importante que les hommes.