Après moult hésitation, Eric Ciotti, président du groupe Les Républicains, soutiendra le texte (Illustration). 1:28
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Alexandre Chauveau , modifié à
Ce mardi, Elisabeth Borne présentera le contenu de la nouvelle réforme des retraites. Projet controversé, le gouvernement s'est retrouvé à batailler afin de pouvoir assurer le vote des Républicains pour tenter d'obtenir le vote de la réforme sans 49.3.
ANALYSE

La Première ministre Elisabeth Borne dévoilera la très controversée réforme des retraites ce mardi au cours d'une conférence de presse. Sauf surprise, l'exécutif proposera un report de l'âge légal de départ à 64 ans. Outre les 64 ans, la réforme prévoit un allongement de la durée de cotisation à 43 ans d'ici à 2035, une mesure destinée à obtenir le soutien indispensable de la droite à l'Assemblée. Après moult hésitation, Eric Ciotti, président du groupe Les Républicains, soutiendra le texte. 

Rester dans l'opposition tout en étant crédible pour gouverner 

L'objectif pour Eric Ciotti était d'arriver à un consensus entre les sénateurs, favorables depuis plusieurs années à cette réforme, et les députés, dont une partie était beaucoup moins encline à voter pour le texte. L'enjeu était important pour le nouveau président des Républicains, soucieux de ne pas se renier alors que la droite réclamait cette réforme depuis 2017. Eric Ciotti est également attaché à ce que son groupe reste un parti dit de gouvernement, la réforme des retraites était donc une question de crédibilité pour sa famille politique.

"Faire valoir l'esprit de responsabilité et l'intérêt du pays"

Il reste maintenant à présenter le résultat des négociations avec l'exécutif. Cette négociation sonne comme une victoire pour Les Républicains alors que la droite s'apprête à voter à nouveau un texte du gouvernement. "C'est un geste politique qui a été fait vis-à-vis de la droite et d'Eric Ciotti. Ils (le gouvernement NDLR) n'ont pas le choix parce que sinon ils devaient passer par le 49.3 et passer en force sur une telle réforme d'envergure, ce n'était pas possible", analyse Agnès Evren, présidente de la fédération LR de Paris. Emmanuel Macron, initialement partisan d'une réforme à 65 ans, s'est ainsi accordé avec la droite pour ne pas présenter une réforme jugée trop brutale par Les Républicains.

Autre ligne rouge sur laquelle le parti LR dit ne pas vouloir transiger, l'augmentation des petites retraites à 1.200 euros à l'ensemble des retraités ayant effectué une carrière complète et non pas seulement aux futurs entrants. Une mesure qui coûterait 2 milliards d'euros supplémentaires et qui concernerait 1,8 million de Français. L'exécutif a besoin des voix de la droite pour faire passer le texte a minima du vote d'une trentaine de députés LR. Un vote qui fait désormais peu de doute, même si parmi les 62 députés de droite, une quinzaine seraient susceptibles de voter contre le texte.

Dans les rangs des Républicains, on se fait en tout cas peu d'illusion sur le recours au 49.3 en anticipant l'obstruction du FN et de la Nupes. En 2019, malgré une majorité absolue, Edouard Philippe avait déclenché cet article avant finalement d'abandonner la réforme face à la crise sanitaire.

Pas question donc de signer un blanc-seing au gouvernement. La droite fait valoir "l'esprit de responsabilité et l'intérêt du pays". LR devrait en revanche bien s'opposer sur les prochains textes de l'exécutif comme les énergies renouvelables ou l'immigration.