Doit-on s'attendre à une France vent debout contre la réforme des retraites ? C'est en tout cas ce que craint le gouvernement à deux jours de la présentation du texte à l'Assemblée nationale. Et les mots de Laurent Berger, leader de la CFDT, dans les colonnes du Parisien, ont tout pour inquiéter l'exécutif : "Il y a aujourd’hui beaucoup de tension sociale", a confirmé l'un des principaux opposants au texte, et notamment au recul de l'âge légal de départ à la retraite. Mais officiellement, pas de quoi reporter ou annuler la présentation du projet de loi. Le gouvernement est déterminé à faire passer ce texte, vu par beaucoup comme le plus important de ce second quinquennat.
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Un accord avec les Républicains possible ?
La réforme, reportée juste avant la crise du Covid-19, est censée illustrer la capacité du président à réformer. Pour autant, l'exécutif sait que la mobilisation sociale devrait être massive. Il pourrait tout de même compter sur la droite, puisque le nouveau patron des Républicains, affirme dans le Journal du Dimanche que la situation budgétaire, démographique et économique impose cette réforme. Avec cependant une première condition : Éric Ciotti demande à ce qu'elle s'étale sur deux quinquennats, jusqu'en 2032.
Un accord avec les Républicains permettrait de ne pas avoir recours au 49.3 ; car une telle issue, possible dans le cadre d'un vote budgétaire, serait vu comme un passage en force susceptible d'alimenter le mouvement de contestation.
Une réforme à haut risque
Le gouvernement sait qu'il marche sur des braises car avec l'augmentation des prix de l'énergie et l'inflation, l'exécutif peut craindre un embrasement social. Le nombre de secteurs en difficulté s'est multiplié ces dernières semaines et plusieurs conseillers craignent que la réforme des retraites ne soit le déclencheur d'un mouvement social d'ampleur.
La faible mobilisation des Gilets Jaunes, ce samedi, a rassuré au plus haut sommet de l'État. Le mouvement des prochaines semaines promet en revanche d'être beaucoup plus important.