C'est une semaine clé qui s'ouvre lundi, après un mois de grève contre la réforme des retraites. Alors que les perturbations dans les transports perdurent, les négociations entre l'exécutif et les partenaires sociaux doivent en effet reprendre mardi. Mais si le gouvernement n'entend pas céder sur le fond de la réforme, les syndicats opposés au texte comptent bien profiter des deux journées de manifestations prévues jeudi et samedi pour accentuer la pression.
L'exécutif promet "un compromis rapide"
En réalité, les négociations n'ont jamais vraiment cessé, les discussions demeurant quasi-quotidiennes pendant les fêtes, avec Édouard Philippe à la manœuvre. Si son entourage refuse de confirmer qu’il a parlé avec le patron de la CFDT, Laurent Berger, Matignon assure que le Premier ministre a eu des contacts réguliers avec les états-majors des syndicats réformistes. Également aux commandes, le secrétaire d'État Jean-Baptiste Djebarri confie avoir eu des échanges, informels, avec la CFDT et l’UNSA dans les transports. "Les coups de fil en fin de journée, ça marche", sourit un conseiller.
Le gouvernement, lui, affûte ses arguments avant la reprise des négociation mardi, avec tous les partenaires sociaux. Pénibilité, retraite minimum, âge pivot ou encore équilibre budgétaire, les principaux sujets restent sur table. Et si l'exécutif répète être "ferme mais pas fermé", il promet un "compromis rapide" comme l’a exigé Emmanuel Macron lors ses vœux aux Français. "On ne sera pas brutal", garantit un proche du Premier ministre, tout en martelant : "sur le fond de la réforme, on ne lâchera pas".
Mais les grévistes restent mobilisés
Mais alors que le gouvernement se veut optimiste quant à l'issue des négociations, du côté des grévistes, on compte sur cette semaine de négociations pour peser encore sur l'exécutif, qui a déjà lâché du lest sur certains régimes spéciaux. Deux grandes journées d'actions sont par ailleurs prévues, d'abord jeudi 9 janvier, avec un appel de l'intersyndicale (CGT, FO, CFE-CGC, Solidaires, FSU) à une journée interprofessionnelle de manifestations et de grèves, puis le samedi 11 janvier, avec un appel à manifester dans tout le pays, lancé par la même intersyndicale.
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En grève depuis le 5 décembre, Marc, conducteur sur le RER A, continuera le mouvement la semaine prochaine. "On est un peu le dernier rempart. On est le contre-pouvoir aujourd'hui", explique-t-il au micro d'Europe 1. Pour lui, il faut faire comprendre à ceux qui obtiennent quelques avancées sur leur régime spécifique qu'ils le regretteront plus tard.
"Avec ce qu'on leur donne aujourd'hui, ces gens-là vont être contents pendant quelques années, mais dans dix ans, ils vont pleurer parce qu'on va tout leur reprendre", estime-t-il. "On a déjà perdu un mois de salaire, mais on capitalise. Car on parle de points, mais c'est très hypothétique. C'est eux qui vont décider de la valeur du point. Il faut que les gens puissent se projeter un peu plus loin", ajoute le conducteur.
Avocats, infirmiers, enseignants : l'intersyndicale espère des renforts
Si les conducteurs de RER sont toujours très mobilisés, le mouvement faiblit un peu du côté des bus et des métros, avec des agents souvent plus jeunes, aux salaires plus faibles, et qui sont moins impactés par la réforme puisqu'ils sont entrés à la RATP après 2009. À la SNCF, la durée du conflit et la trêve ont fait baisser les taux de grévistes, mais la CGT-Cheminots espère voir ces chiffres remonter dès lundi. Et l'intersyndicale mise sur le renfort d'autres professions, comme les avocats, les infirmiers, ou encore les enseignants, tout comme sur un durcissement des blocages dans les raffineries promis par la CGT-Chimie.