Le président de l'Assemblée nationale, François de Rugy, a été pris à partie jeudi dans l'hémicycle par l'Insoumis Eric Coquerel sur la prochaine réforme du travail parlementaire et le "train dispendieux" selon lui de l'institution, peu avant le vote définitif d'un des textes de moralisation.
"Je leur répondrai à l’extérieur". François de Rugy, ex-écologiste devenu République en marche, depuis longtemps engagé sur ces sujets de transparence, a répondu depuis le perchoir que ce n'était ni "l'envie" ni les "arguments" qui lui manquaient, mais qu'il respectait la "tradition" voulant qu'un président de séance ne prenne pas part aux débats. "Si des collègues veulent perpétuellement interpeller les présidents de séance, je leur répondrai à l'extérieur de cette Assemblée", a ajouté l'élu de Loire-Atlantique.
"Atrophier le Parlement". Eric Coquerel, député de Seine-Saint-Denis, a saisi l'occasion de la discussion générale sur le projet de loi "pour la confiance dans la vie politique" pour critiquer l'action du locataire de l'Hôtel de Lassay. "Après avoir culpabilisé les parlementaires, les avoir montrés du doigt, cette fois-ci il s'agit d'atrophier le Parlement : moins d'heures de débat, des votes de loi en commission, et avant même que tout débat ait commencé, on nous annonce déjà que notre nombre sera réduit", a lancé cet ex-porte-parole de Jean-Luc Mélenchon pendant la campagne présidentielle.
"Il y a aussi quelques détails supplémentaires pour faire passer tout ça : désormais les anciens députés, ce qui nous semble normal, paieront leurs billets SNCF, et notre retraite sera alignée sur celle des fonctionnaires, en lieu et place d'un vrai débat sur le statut de l'élu qui serait évidemment nécessaire", a-t-il ajouté en référence aux décisions mercredi du bureau de l'Assemblée, sa plus haute instance collégiale. La réforme du régime spécial de retraite doit entrer en vigueur le 1er janvier 2018.
"Train dispendieux". Et Eric Coquerel d'enchaîner : "je propose de mettre les choses à plat, par exemple on peut s'interroger sur le train dispendieux de l'Assemblée nationale, de savoir s'il est vraiment nécessaire que la présidence de l'Assemblée dispose de 36 contractuels, d'un budget de 3.374.679 euros, du double de nos indemnités". Le député a suggéré que cette indemnité soit "indexée" sur "la présence du président au perchoir, y compris pendant une semaine où on discute de la loi de moralisation". L'ensemble des députés de son groupe se sont abstenus lors du vote sur ce premier volet du chantier de moralisation, qualifié de "petite loi ordinaire".
Peu après, alors qu'il avait été interpellé par le LR Fabien Di Filippo, François de Rugy a une nouvelle fois répondu sur les décisions du bureau, où ne siège pas LR suite à un différend sur la répartition des postes clés de l'Assemblée : "nous avons des débats avec tous les représentants de tous les groupes, si votre groupe veut venir participer, la porte est ouverte".