Théorisant depuis plusieurs années l'existence de deux gauches "irréconciliables", Manuel Valls persiste et signe. Mardi, l'ancien Premier ministre a appelé à ne pas voter au second tour des régionales en Ile-de-France pour la liste d'union de la gauche de Julien Bayou, incluant La France Insoumise. Invité jeudi d'Europe 1, celui qui a un temps tenté une carrière politique à Barcelone est même allé plus loin en annonçant qu'il voterait pour la candidate ex-LR Valérie Pécresse.
En Ile-de-France, la fusion des trois listes de gauche en lice a été scellée autour de l'écologiste Julien Bayou, avec la candidate du parti socialiste Audrey Pulvar et celle de La France insoumise Clémentine Autain. Et c'est bien la présence de cette dernière qui irrite Manuel Valls. Pour les socialistes et les écologistes, "s'allier avec cette gauche est une faute morale et politique", assure-t-il, mentionnant les positions du mouvement sur la laïcité et la République qu'il estime être problématiques. Et d'insister : "On ne peut pas s'allier avec Mélenchon et ses amis."
"Face aux extrêmes, il faut être très clair"
"Face aux extrêmes, il faut être très clair", poursuit Manuel Valls, saluant par exemple la décision de Xavier Bertrand de soutenir aux cantonales les candidats de gauche face à l'extrême droite. Aussi, en Ile-de-France, "s'il n'y a pas de danger de cette liste de gauche, on peut voter par exemple pour les candidats de LREM, qui sont impeccables en matière de défense de la République et de la laïcité. Mais si on considère qu'il y a un danger à partir de l'addition des trois listes de gauche, alors il faut voter pour Valérie Pécresse... Il ne faut pas hésiter." Et l'ancien socialiste de conclure : "Je voterai Valérie Pécresse parce que je considère qu'il y a ce danger".
Dès mardi, l'appel de Manuel Valls avait sans surprise provoqué de nombreuses réactions dans les rangs des Insoumis. "Valls dit qu'il ne faut pas voter Bayou. Il appelle à voter Bardella (candidat du RN, ndlr) ou Pécresse ? Le post franquisme est un naufrage", avait répliqué Jean-Luc Mélenchon. "Il y a la gauche et il y a Manuel Valls. Les deux sont irréconciliables", a de son côté répondu Clémentine Autain.