"Ce serait un drame que le FN gagne une, deux ou trois régions". Lors de son passage au Grand Rendez-Vous d'Europe 1, dimanche dernier, Manuel Valls a enclenché une dynamique qu'il a déroulée toute la semaine : il faut "tout faire" pour empêcher une victoire du FN. Quitte, comme l'a révélé Europe 1, a fusionné les listes de gauche avec celles de la droite au second tour. Une piste accueillie très négativement dans son camp. Le Premier ministre, lui, persiste et signe : "ceux qui écartent aujourd'hui une hypothèse mentent aux Français".
"Tout faire pour empêcher le FN de gagner une région". Invité sur Public Sénat à confirmer qu'il n'excluait pas une fusion, Manuel Valls a répondu, sans vraiment répondre : "cette question (...) se posera le soir du premier tour à chacun", dans "deux ou trois" régions maximum, a-t-il estimé, répondant ainsi à ceux qui, à gauche, lui reproche de mettre la charrue avant les bœufs. "La gauche a toujours pris ses responsabilités, elle ne s'est jamais réfugiée dans un ni-ni, elle ne renvoie pas à dos la droite et l'extrême droite, nous faisons la différence, et la droite républicaine devra elle aussi faire un choix", a-t-il lancé.
Avant de répéter - une énième fois -, qu'il faudra, au soir du premier tour, "tout faire pour empêcher le FN de gagner une région. Et nous verrons dans quelles conditions en fonction du résultat". Dit autrement : on verra alors s'il faut se maintenir, se désister au nom du front républicain ou fusionner avec la liste de la droite républicaine.
"On voudrait faire gagner le FN qu'on ne s'y prendrait pas autrement". Outre Jean-Christophe Cambadélis, le patron du PS, avec qui les divergences sont régulières, Manuel Valls a également été repris de volée par… Martine Aubry. Interrogée sur cette piste d'une fusion des listes par Europe 1, la maire de Lille est sans équivoque : "c'est une très bonne idée, on voudrait faire gagner le FN qu'on ne s'y prendrait pas autrement". Quant à Pierre de Saintignon, la tête de liste PS la grande région Nord-Pas-de-Calais-Picardie - où Marine Le Pen est donnée favorite -, il confie en avoir "assez" et demande au Premier ministre "d'arrêter de tenir des propos qui nuisent à sa campagne".
"Une idée folle" pour Sarkozy. A droite, on a également catégoriquement écarté cette hypothèse, qui n'a aucun sens" pour François Fillon. Nicolas Sarkozy, lui, parle d'une "idée folle", quand Edouard Philippe, lieutenant d'Alain Juppé invité jeudi d'Europe 1, parle d'un "leurre". Quant à Xavier Bertrand, le principal concerné puisque candidat LR dans Nord-Pas-de-Calais-Picardie, il ne veut pas entendre parler de cette option.