Élisabeth Borne sauve sa place à Matignon. Le président Emmanuel Macron a, en effet, confirmé la cheffe du gouvernement dans ses fonctions. Et lui a confié la charge de procéder à des "ajustements" au sein de son gouvernement. Emmanuel Macron va s'expliquer "d'ici la fin de la semaine" sur le cap qu'il entend poursuivre à la rentrée, a annoncé lundi l'entourage du président.
"Le 14-Juillet a été un succès"
"Pour assurer stabilité et travail de fond, le président de la République a décidé de maintenir la Première ministre", a souligné cette source. De son côté, l'entourage de le cheffe du gouvernement a indiqué qu'elle souhaitait "des ajustements" de son équipe, qu'elle entend proposer "cette semaine".
"L'objectif des cent jours a été tenu et le calme est revenu", a-t-on relevé de même source en référence aux cent jours fixés par le chef de l'État à la mi-avril pour reprendre la main après la crise des retraites et les émeutes qui ont embrasé la France fin juin.
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"Le 14-Juillet a été un succès", poursuit l'entourage présidentiel, alors que les craintes d'une nouvelle flambée des violences à l'occasion de la Fête nationale ne se sont pas confirmées. "Le pays avance. L'exécutif doit travailler et préparer la rentrée", se félicite-t-il également. Dans ce contexte, Emmanuel Macron "compte préparer la rentrée en rappelant le cap clair qui est le sien et en rassemblant fortement après cette période".
"Pas le choix"
"Le pays avance. L'exécutif doit travailler et préparer la rentrée", se félicite-t-on encore à l'Élysée. Emmanuel Macron, qui a invité pour dîner mardi les ministres et leurs conjoints, "compte préparer la rentrée en rappelant le cap clair qui est le sien et en rassemblant fortement après cette période", ajoute-t-on de même source, alors que pour l'heure, l'exécutif a été incapable de former une majorité claire à l'Assemblée.
Les émeutes fin juin avaient d'abord éloigné la perspective d'un remaniement, mais une fois les braises éteintes, les rumeurs avaient repris de plus belle, allant d'un simple ajustement technique à un changement de Premier ministre.
Le chef de l'État a finalement décidé de "maintenir" Borne à Matignon... ce qui laisse aussi entendre qu'il a songé à s'en séparer. "Ce n'est pas impossible" qu'il ait pensé à quelqu'un d'autre, affirme un responsable de la majorité.
Mais le président "n'avait pas le choix" que de la garder, selon ce responsable. Car "après les émeutes, la changer aurait signifié qu'elle était en partie responsable, et nommer Gérald Darmanin (ministre de l'Intérieur souvent cité, ndlr) c'était changer de ligne".
Au-delà de la reconduction de la Première ministre, les difficultés pointent déjà à l'horizon. Privée de majorité absolue, Élisabeth Borne risque en effet de recourir à nouveau au 49.3 -avec motion de censure à la clé- pour faire adopter les textes budgétaires, et peut-être également le projet de loi sur l'immigration sur lequel la droite ne veut pas céder.
Pour Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, la reconduction d'Élisabeth Borne "c'est une façon de prolonger les 100 jours et de gagner du temps" compte tenu de rapports de force "contraints" à l'Assemblée. "C'est une solution de continuité en attendant des jours meilleurs".
"Jusqu'à la corde"
Un autre responsable de la majorité ne voit pas de "motif réel de débarquer" Élisabeth Borne, qui a "montré qu'elle pouvait faire fonctionner le Parlement". "Elle est impliquée, tenace", à la fois "technique et politique".
Les remaniements, "il ne faut pas en user tous les ans", ajoute ce cadre qui voit la Première ministre "tenir le coup jusqu'aux Européennes". Peut-être qu'au final, Emmanuel Macron "veut l'user jusqu'à la corde", renchérit un ancien ministre.
Pourraient être visés par les "ajustements" la secrétaire d'Etat à l'Economie sociale et solidaire Marlène Schiappa, étrillée dans plusieurs rapports pour sa gestion du Fonds Marianne contre le séparatisme, ou encore le ministre de l'Education Pap Ndiaye, que certains ne jugent pas assez politique, comme d'autres ministres issus de la société civile qui peinent à trouver leur place.
Élisabeth Borne a déjà survécu à des législatives ratées il y a plus d'un an, puis au 49.3 utilisé pour faire passer la très contestée réforme des retraites au printemps, et à de multiples dissonances avec le président de la République.
Résiliente, elle va poursuivre son bail entamé il y a quatorze mois avec un nouveau directeur de cabinet, Jean-Denis Combrexelle, spécialiste du Code du travail, nommé lundi dans la matinée.