Sans grand chamboule-tout, mais avec onze changements tout de même dans l'équipe ministérielle, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne ont enfin appuyé jeudi sur le bouton du remaniement, après avoir laissé leurs troupes dans l'expectative plusieurs semaines durant. Le chef de l'État s'exprimera à 11h ce vendredi matin en début du Conseil des ministres.
Aurélien Rousseau, un spécialiste des politiques de santé
Les traditionnelles passations de pouvoir entre les sortants et leurs successeurs vont scander la matinée de vendredi. Notamment au ministère de la Santé où François Braun va laisser sa place à Aurélien Rousseau, invité-surprise de ce remaniement qui aura dépassé le simple "ajustement" annoncé par le sommet de l'exécutif.
Désormais chargé d'un chantier phare du deuxième quinquennat Macron, Aurélien Rousseau, directeur de cabinet pendant un an d'Élisabeth Borne, est un spécialiste des politiques de santé après avoir notamment dirigé l'Agence régionale (ARS) d'Ile-de-France durant la crise du Covid. Ce haut-fonctionnaire va devoir sortir de l'ombre, un pas depuis longtemps franchi par l'autre grand gagnant de la manœuvre : Gabriel Attal, promu à 34 ans seulement de l'austère ministère des Comptes publics à celui de l'Education.
Gabriel Attal poursuit son ascension
Gabriel Attal, qui poursuit son ascension en macronie, a dès jeudi soir pris le relais de Pap Ndiaye rue de Grenelle, en se fixant comme objectif de "remettre le respect de l'autorité et les savoirs fondamentaux au cœur de l'école", et en insistant notamment sur le "respect de la laïcité".
Il retrouvera vendredi à partir de 11H00 la table du Conseil des ministres autour de laquelle s'assiéront quelques bizuths, comme le nouveau dépositaire du Budget Thomas Cazenave, ou encore Aurore Bergé, cheffe du groupe des députés Renaissance devenue ministre des Solidarités, la députée Sabrine Agresti-Roubache nommée à la Ville, ou encore le maire divers gauche de Dunkerque Patrice Vergriete qui fait son entrée au Logement.
Au final, après d'intenses tractations entre une Première ministre désireuse de changements, et un président plus enclin à la stabilité, a été constituée une équipe légèrement plus aguerrie politiquement, le nombre de ministres ou secrétaires d'Etat n'ayant jamais été élus passant de 13 à 9. Soit la proportion (22%) la plus basse du mandat Macron, après avoir franchi les 40% dans les premiers gouvernements d'Edouard Philippe, quand M. Macron entendait faire la part belle à la société civile.
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Une incarnation plus forte, une capacité à mettre en œuvre les réformes avec plus de rapidité et d'efficacité
Hormis Roland Lescure et Chrysoula Zacharopoulou, excusés, les 39 autres membres du gouvernement sont donc conviés pour ce dernier Conseil des ministres en présentiel avant la coupure estivale, qui permettra sans doute à Emmanuel Macron de distribuer quelques devoirs de vacances. Car l'entourage du chef de l'Etat a fait savoir que "sur chacun de ces portefeuilles" touchés par le remaniement "il s'agit soit d'avoir une incarnation plus forte, soit une capacité à mettre en œuvre les réformes avec plus de rapidité et d'efficacité".
En confirmant le maintien d'Elisabeth Borne à Matignon en début de semaine, l'Elysée avait d'ores et déjà indiqué que le chef de l'Etat comptait "préparer la rentrée en rappelant le cap clair qui est le sien et en rassemblant fortement après cette période". Car M. Macron reste en quête de la clé de son équation politique: faute de majorité absolue à l'Assemblée, se profile un automne budgétaire durant lequel les 49.3 se ramasseront à la pelle, avec l'épée de Damoclés d'une motion de censure susceptible de renverser le gouvernement.