Valérie Pécresse a eu vendredi une conversation "entre amis" avec Nicolas Sarkozy dont le soutien se fait attendre, ce qui nourrit les spéculations à quelques jours du premier grand meeting de campagne de la candidate LR à la présidentielle. "Nous avons eu une conversation franche et affectueuse" et "c'était très utile pour moi d'avoir les conseils d'un ancien président de la République", a assuré Valérie Pécresse, "très heureuse de cet entretien" de plus d'une heure avec l'ancien chef de l'État qui était "aussi un moment en famille". Dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, on décrit "une discussion approfondie dans un climat très amical et chaleureux". "Valérie Pécresse avait sollicité cet entretien il y a plusieurs jours, il était tout à fait normal que Nicolas Sarkozy la reçoive", a-t-on ajouté.
La rencontre avait pris une importance particulière après plusieurs signaux interprétés comme autant d'alertes. D'abord des ralliements à Emmanuel Macron : l'ancien ministre sarkozyste Eric Woerth mercredi, la maire de Calais Natacha Bouchart jeudi et vendredi l'ancienne secrétaire d'État Nora Berra, qui ont tous jugé excessive la place accordée à l'immigration par la candidate LR. Jeudi, Rachida Dati a étrillé Patrick Stefanini, le directeur de campagne de Valérie Pécresse, le qualifiant de "loser" et de "déserteur". Surtout, des propos prêtés à Nicolas Sarkozy dans un article du Figaro ont nourri les spéculations : "Valérie part dans tous les sens", elle est "inexistante" et "n'a rien compris à la campagne", "il n'y a pas de dynamique"...
Un meeting déterminant
Après un début en fanfare début décembre, la campagne de la présidente de la région Ile-de-France patine en effet, et des critiques s'expriment sur son caractère trop technique. Loin derrière Emmanuel Macron dans les sondages, Valérie Pécresse est dans un mouchoir de poche avec ses rivaux d'extrême droite Marine Le Pen et Eric Zemmour. Dans l'équipe de la candidate, on relativise : "Il ne faut accorder aucune importance" aux ralliements dont "les électeurs se fichent éperdument", affirme l'un. "C'est à Nicolas Sarkozy de décider de ce qu'il dit" sur son soutien, assure un autre.
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Mais certains ne cachent pas leur agacement après ces ralliements. "C'est calculé à quelques jours du meeting" dimanche, affirme un pécressiste qui vise le camp Macron : "C'est la preuve que Valérie Pécresse les inquiète." "Cela installe le fait que le meeting sera ultra déterminant", alors que 6.000 personnes sont attendues au Zénith de Paris, ajoute-t-il, convaincu que Nicolas Sarkozy "joue" avec la situation et veut rappeler son poids. Dernier président que la droite ait connu, figure du commandeur de toute une famille politique, il n'a toujours pas apporté son soutien à Valérie Pécresse et affiche une certaine proximité avec Emmanuel Macron.
"Qui l'a fait ministre pendant cinq ans, hein, c'est Chirac ?"
Le 30 janvier sur France 3, la candidate disait sa "conviction" que l'ancien chef de l'État "soutiendra sa famille politique" mais "c'est son choix", martelait-elle, avant d'ajouter : "Je ne suis pas une fille sous tutelle, moi j'ai mon indépendance." "Pas sûr que ça lui ait plu", juge un ex-LR rallié à la Macronie, qui l'assure : "La voix de Nicolas Sarkozy compte dans l'électorat de droite. Ce serait un coup de tonnerre s'il ne la soutenait pas." Valérie Pécresse a aussi beaucoup fait référence à Jacques Chirac dans cette campagne. "Elle serait bien inspirée de me citer un peu si elle veut que je la soutienne", aurait selon Le Figaro affirmé Nicolas Sarkozy. "Qui l'a fait ministre pendant cinq ans, hein, c'est Chirac ?"
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Des propos difficilement vérifiables, même si les interlocuteurs de l'ancien chef de l'État témoignent qu'il peut avoir la dent dure. "Sur la forme, il est assez rugueux. Il n'est pas dans la détestation absolue, mais bon... Il voit le manque d'impact des mesures, le Kärcher ça lui a pas fait plaisir parce qu'elle lui a pas demandé", témoigne un élu, en allusion aux propos martiaux de la candidate affirmant vouloir "ressortir le Kärcher" face à la délinquance. Et puis "Sarko il a besoin d'être traité. Macron le traite un peu", ajoute cet élu qui se dit "assez pragmatique : si on est en position de battre Macron, il n'aura pas d'autre choix que de nous soutenir. Par contre si on est en difficulté, il peut nous appuyer sur la tête".