Le menu unique sans viande n'en finit pas de diviser le gouvernement et la majorité. Depuis plusieurs jours, les ministres et la majorité ont affiché des positions très contradictoires. Certains, comme Gérald Darmanin et Julien Denormandie, ont dénoncé "une mesure idéologique" du maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, quand la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, estime qu'il s'agit d'un "débat préhistorique". Face à cette "cacophonie" ambiante, le Premier ministre Jean Castex est intervenu. "Moins nous alimentons les polémiques auto-portées, mieux nous nous portons", a-t-il essayé de faire comprendre.
Jean Castex veut mettre fin à la polémique...
Dans un mail adressé la nuit dernière à tous les ministères, le cabinet de Jean Castex déplore "une forme de cacophonie ministérielle" et rappelle très clairement la méthode : "Calage en amont, alignement en aval". Bien loin de ce qui a été donné à voir jusqu'à présent. Le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, Julien Denormandie, avait été parmi les premiers à dégainer, appelant à ne pas "mettre de l'idéologie dans l'assiette de nos enfants".
Arrêtons de mettre de l’idéologie dans l’assiette de nos enfants !
— Julien Denormandie (@J_Denormandie) February 21, 2021
Donnons-leur simplement ce dont ils ont besoin pour bien grandir. La viande en fait partie.
J’ai saisi le Préfet du Rhône. https://t.co/Kiw0v5ZaNC
Une position reprise par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, qui évoquait, en plus de cela, "l’insulte inacceptable aux agriculteurs et aux bouchers français" que représentait cette décision.
En plus de l’insulte inacceptable aux agriculteurs et aux bouchers français, on voit bien que la politique moraliste et élitiste des « Verts » exclut les classes populaires. De nombreux enfants n’ont souvent que la cantine pour manger de la viande... Idéologie scandaleuse. https://t.co/gFGf0JWZKn
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) February 20, 2021
C'est après la prise de position de ses collègues que la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a fait la promotion de repas sans viande dans le cadre de la loi Climat et résilience lors d'un déplacement en Charente. En marge de celui-ci, elle a déploré le retour à un "débat préhistorique".
Soupe de courges
— Barbara Pompili (@barbarapompili) February 22, 2021
Spaghettis aux lentilles, carottes et tomates
Fromage de chèvre
Poires
Un menu végétarien équilibré et délicieux pour les enfants de St-Denis-d’Oléron. La loi #ClimatRésilience expérimentera un choix végétarien quotidien dans les cantines. pic.twitter.com/t4tnwFG659
....qui s'étend au sein de la majorité
De quoi s'attirer les foudres de Julien Denormandie qui a réaffirmé sur RTL que le choix de Grégory Doucet était une honte, tout en contestant une quelconque cacophonie au gouvernement. Sauf que la polémique ne s'y limite plus et touche aussi certains membres de la majorité. Jean-Baptiste Moreau, porte-parole d'En Marche et agriculteur, s'en est ainsi pris directement à la ministre, qu'il accuse de manquer de loyauté.
Des nutriments essentiels pour la croissance des enfants sont présents dans la viande. De plus le pb est d'imposer dogmatiquement. Mais @barbarapompili , le pragmatisme comme l'amour de la science et la loyauté sont des concepts qui vous sont étrangers. https://t.co/Eo0AOUYLN6
— Jean Baptiste Moreau (@moreaujb23) February 22, 2021
Hugues Renson, vice-président de l'Assemblée, lui a vivement répondu sur Twitter, en venant à la rescousse de Barbara Pompili. Il estime que "la viande française vaut mieux que les polémiques stériles d’un porte parole En Marche qui semblait moins véhément avec Gérard Collomb lorsque ce dernier avait pris la même mesure". Pas de quoi donc apaiser les tensions, donc.
La viande française vaut mieux que les polémiques stériles d’un porte parole @enmarchefr qui semblait moins véhément avec Gérard Collomb lorsque ce dernier avait pris la même mesure...
— Hugues Renson (@huguesrenson) February 22, 2021
Le dogmatisme, c’est considérer qu’une femme est déloyale lorsqu’elle défend ses convictions
"Les parlementaires, c'est du grand n'importe quoi, ils se tapent dessus", lâche un membre du gouvernement, dépité. "On a succombé à un geste provocateur du maire écolo de Lyon", se désole de son côté un député de la majorité. Et certains s'inquiètent de tensions qui annoncent des débats houleux lors de l'examen de la loi climat à l'assemblée, début mars. Force est de constater, en tout cas, que la consigne de Jean Castex - "moins nous alimentons les polémiques auto-portées, mieux nous nous portons" - ne semble pas avoir été bien entendue.