C'est sous une chaleur écrasante, devant quelques sièges vides, des applaudissements dociles et des huées qu'Emmanuel Macron a tenu, lundi après-midi, son deuxième discours devant le Parlement réuni en Congrès. L'occasion pour lui d'esquisser l'an II de son quinquennat et de répondre aux critiques sur sa politique déséquilibrée. Europe 1 fait le point sur les annonces du président.
- Un amendement pour changer le format du Congrès
Attentif aux critiques qui ont plu sur la réunion du Parlement en Congrès, assimilée par l'opposition à un exercice monarchique du pouvoir, le président a promis qu'il allait faire en sorte de changer le format de ce rendez-vous. "J'ai demandé au gouvernement de déposer dès cette semaine un amendement au projet de loi constitutionnelle qui permettra que lors du prochain Congrès je puisse rester non seulement pour vous écouter mais aussi pour pouvoir vous répondre", a déclaré le chef de l'Etat.
- La dépendance bientôt intégrée à la Sécurité sociale
La "priorité de l'année qui vient" sera de "construire l'État providence du XXIe siècle", a déclaré Emmanuel Macron. Alors que "des pans entiers de notre population sont trop peu ou trop mal couverts" par la Sécurité sociale", ou que "nous sommes aujourd'hui laissés seuls face à des risques majeurs comme celui de la perte d'autonomie, des retraites incertaines", la "priorité" est aujourd'hui de construire "un État providence émancipateur, universel, efficace, responsabilisant". Le président de la République a annoncé que "l'année 2019 sera consacrée à la prise en charge de la dépendance et du grand âge", avec le passage d'une loi. La dépendance devrait ainsi devenir un nouveau pilier de la Sécurité sociale.
- Un nouveau contrat social
Le rendez-vous avec les principales organisations patronales et syndicales, prévu le 17 juillet, doit permettre de "jeter les bases d'un nouveau contrat social, celui du siècle qui s'ouvre", a déclaré Emmanuel Macron. "C'est à son élaboration comme au détail de sa mise en oeuvre que je veux inviter [les partenaires sociaux]", a ajouté le chef de l'État, précisant vouloir aborder "la réforme de l'assurance chômage ou la santé au travail" dans "un esprit constructif".
- Une refonte des régimes de retraite en 2019
"Dès 2019 nous refondrons notre régime de retraite pour protéger mieux ceux dont les carrières sont hachées, instables, atypiques", a détaillé Emmanuel Macron. Qui en a profité pour couper court aux "rumeurs malsaines" autour d'une suppression des pensions de réversion pour les veufs et les veuves. "Rien ne changera pour les retraités d'aujourd'hui", a-t-il affirmé, déclenchant des huées dans les rangs des parlementaires, évidemment attentifs à l'emploi du mot "aujourd'hui". "Pour la première fois ce qui a été choisi n'a pas été de faire une économie sur les retraités d'aujourd'hui ou ceux qui s'apprêtent à partir à la retraite, mais de refonder un système de retraite juste, unique, transparent, qui viendra progressivement remplacer la quarantaine de systèmes existants", a insisté le président de la République.
- Le plan pauvreté mis en oeuvre l'an prochain
Le report de la présentation du plan pauvreté en septembre prochain ne doit pas décaler d'autant sa mise en oeuvre, a promis le gouvernement toute la semaine dernière. Emmanuel Macron l'a confirmé lundi. "La stratégie de lutte contre la pauvreté sera présentée en septembre et mise en oeuvre en 2019. Elle ne se contentera pas de proposer une politique de redistribution classique, mais une politique d'investissement et d'accompagnement social."
- Des entreprises reçues courant juillet
Le président a annoncé qu'il recevrait au mois de juillet les 100 premières entreprises françaises. "J'attends d'elles qu'elles s'engagent en termes d'apprentissage, d'emplois dans les quartiers difficiles. Je ne leur demanderai pas de s'engager par la loi mais par des engagements actifs, immédiats, visibles, de créations d'emplois, d'embauche d'apprentis" avec "une mobilisation pour nos territoires des principales entreprises et des investisseurs".
- Un plan de baisse des dépenses publiques
Le Premier ministre Edouard Philippe "présentera dans les prochaines semaines les nouvelles décisions permettant de tenir les engagements de baisse de nos dépenses publiques", a déclaré Emmanuel Macron lundi, promettant "des choix forts et courageux". "Il ne saurait y avoir de baisse de la fiscalité ou de développement de l'investissement sans un ralentissement de la hausse continue de nos dépenses."