Le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau a renoncé samedi à présenter son amendement emblématique, qui demandait que la suppression des régimes spéciaux concerne aussi les salariés actuels, donnant un nouveau coup d'accélérateur à l'examen de la réforme des retraites au Sénat. Ce retrait en début d'après-midi a eu pour effet de faire passer de quelque 630 à environ 360 le nombre d'amendements restant à examiner.
>> LIRE AUSSI - Retraites : régimes spéciaux, CDI senior... Au Sénat, Les Républicains posent leurs conditions
Il a en effet rendu caducs la multitude de sous-amendements déposés par la gauche en riposte, dont la présentation aurait duré plusieurs heures.
Un amendement pas retenu par le gouvernement
L'amendement de Bruno Retailleau n'avait quoi qu'il en soit pas été retenu par le gouvernement dans la liste de ceux inclus au texte devant être soumis à un "vote unique" au terme des débats. Ceux-ci doivent normalement s'achever d'ici dimanche minuit pour que ce scrutin puisse avoir lieu, comme le souhaite la droite majoritaire au Sénat, de même que le gouvernement, soucieux de donner une légitimité démocratique à sa réforme rejetée par une majorité de Français.
Bruno Retailleau souhaitait que la suppression progressive des régimes spéciaux, prévue dans le texte du gouvernement pour les nouveaux embauchés, concerne aussi les salariés actuels. Il proposait "une convergence (entre les régimes, NDLR) jusqu'en 2040" estimant qu'il n'y "avait rien de brutal alors que pour tous les Français, à partir du 1er septembre, la réforme commencera progressivement à s'appliquer". Mais le gouvernement est contre et a maintenu son attachement à "la clause du grand-père", réservant la mesure aux futures embauches.
>> LIRE AUSSI - Réforme des retraites : les syndicats ont-ils encore l'objectif de faire plier le gouvernement après l'utilisation de l'article 44.3 ?
L'article 44.3 de la Constitution dégainé vendredi
Le gouvernement a déployé vendredi les grands moyens pour accélérer et s'assurer la tenue d'un vote, en dégainant l'article 44.3 de la Constitution. Ce dernier permet un vote unique sur l'ensemble du projet de loi, sans mettre aux voix les amendements auxquels le gouvernement est défavorable.
Un "coup de force" et un "sabordage du Sénat", a dénoncé la gauche sénatoriale, qui n'a toutefois pas baissé les armes et qui continue à présenter ses propositions et demandes de rapports divers et variés, avec l'espoir d'empêcher un vote final. À défaut de pouvoir débattre et voter sur chaque amendement, les sénateurs de gauche utilisent à chaque fois à plein les deux minutes imparties pour les présenter.