Malgré la pression de la rue et de l'opposition, le gouvernement ne plie pas. Les trois mobilisations contre la réforme des retraites ont-elles servi à quelque chose ? Deux nouvelles dates de manifestation sont prévues, ce samedi et le jeudi 16 février. Des actions plus radicales pourraient aussi être décidées. Les syndicats évoquent de plus en plus ouvertement l'option d'un mouvement plus dur, avec des grèves reconductibles, voire des blocages.
"On a essayé de s'opposer politiquement, à l'Assemblée nationale, dans la rue, huit Français sur dix sont contre et le gouvernement reste absolument sourd", s'exclame l'eurodéputée Manon Aubry, invitée d'Europe Matin jeudi avant de rappeler les propos tenus par le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger : "Il y a un risque que ça dégénère".
"Qui contraint le débat ? Le gouvernement"
Selon la coprésidente de la Gauche au Parlement européen, l'exécutif "fait de la provocation". "Quand ils veulent voler les deux meilleures années de la retraite pour les transformer en deux pires années de la vie, ils font de la provocation."
Environ 20.000 amendements déposés à l'Assemblée dont 13.000 par La France insoumise (LFI). Un chiffre conséquent qui rend incertain l'examen du texte dans sa totalité, avant la transmission au Sénat. Sur Europe 1, Manon Aubry s'est défendue d'empêcher le débat. "Qui contraint le débat ? Le gouvernement. Utiliser l'article 47.1 c'est un dévoiement de la Constitution", lance-t-elle. Pour faire passer sa très contestée réforme des retraites, l'exécutif pourrait avoir recours à cet article de la Constitution, peu connu et jamais utilisé depuis 1958, qui permet au gouvernement d'accélérer la procédure d'examen du texte à l'Assemblée.
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Des milliers d'amendements pour être "maître du temps"
"Autant d'amendements ont été déposés pour être maître du temps", rétorque la députée européenne. "Comment on peut imaginer qu'un texte aussi important que celui-là, qui engage notre avenir pour des décennies, puisse être décidé sans vote ?" La durée d'examen du texte par le Parlement est limitée à 50 jours, s'il y a utilisation de l'article 47.1 de la Constitution par le gouvernement.
Après l'Assemblée, ce sera au Sénat d'examiner le texte jusqu'au dimanche 12 mars. Le Parlement a jusqu'au 26 mars, au plus tard, pour se prononcer sur la réforme des retraites.