L'heure de la rentrée a vraiment sonné pour le gouvernement. Les négociations sur la réforme des retraites, vivement contestée depuis plus d'un mois, vont reprendre mardi matin avec les syndicats. Cette première réunion depuis les fêtes de fin d'année se tiendra à partir de 9h30 au ministère du Travail. Il ne s'agira pas vraiment d'une négociation sur le cœur de la réforme, mais davantage d'une rencontre pour que chaque camp expose son point de vue sur deux points précis : l'emploi des seniors et la pénibilité.
L'emploi des seniors comme premier sujet
Il y a d'abord le format de la réunion. Le Premier ministre Édouard Philippe va ouvrir la rencontre, puis les quatre ministres et secrétaires d’Etat (Muriel Pénicaud, Agnès Buzyn, Laurent Pietraszewski et Olivier Dussopt). Deux représentants de chaque organisation syndicale ou patronale sont présents, mais pas tous les numéros 1. Philippe Martinez de la CGT, Yves Veyrier de FO, François Asselin de la CPME laissent cette réunion à leurs négociateurs. Le premier point abordé, assez consensuel, concernera le travail des seniors, avec cette question : comment les maintenir dans l’emploi, autrement dit ne pas risquer de se retrouver au chômage à 45 ou 50 ans ?
Les syndicats proposent de pouvoir partir à la retraite progressivement. Plus vous vous rapprochez de l’âge de départ, plus vous êtes à temps partiel ainsi qu’en télétravail quand c’est possible. Le patronat demande à voir, et met en avant des départs anticipés.
La pénibilité, pomme de discorde
Bien plus tranchées sont les positions sur la pénibilité. Tous les syndicats, de Force ouvrière à la CFDT, veulent qu'il soit possible de partir à la retraite plus tôt pour ceux qui portent des charges lourdes, qui sont exposés à des vibrations, à des agents chimiques dangereux, ou à des postures pénibles. Ces quatre critères de pénibilité ont été supprimés par le gouvernement actuel en 2017, et le patronat ne veut pas entendre parler de leur retour. Une "usine à gaz", selon le président de l’union des artisans et commerçants, qui n'hésite pas à ironiser : "c’est comme si chaque salarié se transformait en greffier".
800.000 personnes étaient concernés par les critères de pénibilité sous le quinquennat Hollande, ils ne sont plus que 200.000 environ aujourd’hui. Le patronat est prêt en revanche à faire mieux prendre en compte le travail de nuit, en réduisant le nombre de nuits qu’il faut avoir travaillées pour rentrer dans ce critère. Mais la venue du Premier ministre, mardi matin, peut-elle signifier l'ouverture de discussions sur d'autres points, comme sur le sujet brûlant de l'âge pivot ? Tout le monde y pense, glisse le négociateur de la CFDT.