Dans un rare moment de concorde sur la réforme des retraites, l'Assemblée nationale a adopté dimanche un amendement gouvernemental inscrivant dans le texte la notion de "niveau de vie digne", après des propositions similaires émanant de plusieurs bords politiques. Après une semaine de blocage et de spéculations sur un possible recours au 49.3 pour faire adopter la réforme, le secrétaire d'Etat chargé des Retraites Laurent Pietraszewski a souligné une "volonté de compromis et d'accélération de nos travaux", en alliant "satisfaisant" et "digne" dans la formulation de son amendement.
En complément du terme "satisfaisant"
Il s'agit d'inscrire cet "objectif de garantie d'un niveau de vie satisfaisant et digne aux retraités" dans les principes généraux du système universel des retraites, objet de l'article 1 que les députés sont toujours en train d'examiner.
Le communiste Stéphane Peu avait plaidé pour l'inscription du terme "digne" dans ces objectifs, arguant que la dignité figurait dans la Déclaration universelle des droits de l'homme. L'amendement visait à remplacer ainsi le terme de "satisfaisant" avancé par le gouvernement, qu'il a qualifié de "concept gazeux". Il a été soutenu notamment par l'Insoumis Eric Coquerel. Un amendement similaire avait été déposé par la marcheuse Martine Wonner. Le député UDI Thierry Benoît s'était prononcé pour l'adoption de l'amendement communiste, le qualifiant de "belle proposition". Le député Libertés et Territoires Philippe Vigier a salué "une signification forte".
"Une retraite digne, ça a quand même une autre figure qu'une retraite simplement satisfaisante"
La marcheuse Monique Limon a expliqué que le terme "satisfaisant" utilisé dans le texte était celui actuellement utilisé par le Code de la Sécurité Sociale, argument également mis en avant par le gouvernement.
Le communiste Pierre Dharréville a salué "la créativité du gouvernement", indiquant que les communistes, "pas jaloux", étaient prêts à voter la proposition gouvernementale. "Une retraite digne, ça a quand même une autre figure qu'une retraite simplement satisfaisante", s'est-il félicité.
Le ministre chargé des Relations avec le Parlement Marc Fesneau a salué "l'évolution du débat", loin du "concours de synonymes auquel on se livrait" samedi. Il a appelé à avancer dans le texte, pour "donner du sens aux mots". "M. Fesneau, votre intervention, sauf à remettre de l'huile sur le feu ne me paraît pas judicieuse", a regretté le LR Thibault Bazin, demandant au ministre d'arrêter "de mettre en valeur l'obstruction".