La semaine s’annonce tendue pour le gouvernement. Les négociations avec les syndicats reprennent mardi pour tenter de trouver une sortie de crise, alors que le mouvement contre la réforme des retraites dure depuis plus d’un mois. Le gouvernement a assuré vouloir conclure un "compromis rapide", mais la grève se poursuit dans les transports, à la SNCF et à la RATP. Selon notre éditorialiste Michaël Darmon, la stratégie de l’Élysée consiste à miser "sur l’enlisement du conflit, tout en pariant sur le dialogue social".
"La sortie de crise est-elle à portée de main ? Tout se déroule selon un schéma établi depuis la fin de l’année. Emmanuel Macron a donné une obligation de résultats et indiqué la direction à suivre au gouvernement. Il existe désormais la possibilité de négocier des systèmes dérogatoires liés à des tâches pénibles, tout en maintenant l’intention d’inscrire une mesure d’équilibre financier du système.
La CFDT était restée silencieuse jusqu’à la prise de parole de Laurent Berger, dimanche soir, qui a demandé une 'conférence de financement' à une date ultérieure. Traduction : la CFDT est d’accord pour les statuts dérogatoires, mais en échange on ne parle du financement que plus tard.
La scénographie de cette conférence sociale a déjà tout du tableau final, mais y’aura-t-il un happy end ? Il est permis d’en douter. Il faudra rassurer la base de la CFDT. Et rassurer la CFDT, ce n’est pas rassurer la CGT et les autres syndicats qui continuent à faire grève dans les transports pour faire retirer le projet. L’Élysée mise donc sur l’enlisement du conflit, tout en pariant sur le dialogue et le compromis."
Les seniors et la pénibilité au menu des négociations de mardi
Les négociations de mardi ne concerneront pas le cœur de la réforme des retraites (les points, les âges...). Les syndicats et le gouvernement aborderont la question du travail des seniors et la pénibilité. Concernant la prise en compte de la pénibilité, il existe un fossé entre les syndicats et les patrons.
Les patrons veulent bien faire un geste sur la prise en compte du travail de nuit, et rien d'autre. Les syndicats, eux, veulent la prise en compte d'autres critères, comme le fait de porter des charges lourdes, d'être exposé à des agents chimiques ou à des vibrations mécaniques.
Ces critères, qui existaient sous François Hollande, avaient été supprimés par le gouvernement en 2017. Il sera donc difficile de se dédire, même si des surprises peuvent intervenir.