La Palme d'or, attribuée à la réalisatrice française Justine Triet pour "Anatomie d'une chute" risque de rester dans les mémoires. La récompense entre les mains, Justine Triet a accompagné son discours de remerciements d'une charge contre le gouvernement dans sa gestion de la réforme des retraites. La contestation populaire a été "niée et réprimée de façon choquante" a-t-elle affirmé. Une prise de parole qui n'a pas plu à la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, qui l'a jugée "injuste".
Heureuse de voir la Palme d’or décernée à Justine Triet, la 10ème pour la France ! Mais estomaquée par son discours si injuste. Ce film n’aurait pu voir le jour sans notre modèle français de financement du cinéma, qui permet une diversité unique au monde. Ne l’oublions pas.
— Rima Abdul Malak (@RimaAbdulMalak) May 27, 2023
D'après Ségolène Royal, ancienne ministre, auteure de Refusez la cruauté du monde ! Le temps d’aimer est venu aux éditions du Rocher, le gouvernement aurait dû prendre un peu de temps avant de réagir. "C'est un signal social fort que dans ce contexte, une telle prise de parole ait eu lieu, pour dénoncer la répression sur le mouvement social", a-t-elle indiqué au micro d'Europe 1.
Invitée d'Europe Matin mardi, l'ancienne ministre de l'Environnement a, à son tour, dénoncé la répression du gouvernement. "On ne peut pas contester la réalité des faits tels qu'ils sont. C'est quand même la première fois dans l'histoire de France où l'on voit une telle répression sur un mouvement social, [cela] au lieu de prendre en considération la portée de ce mouvement social et de chercher à y répondre", a-t-elle déclaré, ajoutant que l'exécutif avait préféré "l'ignorer en le réprimant".
"La politique ne doit pas gouverner par la peur"
En mars dernier, la Commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Dunja Mijatovic, s'était alarmée d'un "usage excessif de la force" envers les manifestants contre la réforme des retraites, appelant la France à respecter le droit de manifester. "La politique doit prendre patience, elle ne doit pas gouverner par la peur. Elle doit chercher d'abord à faire du bien avant de faire du mal et surtout, elle doit entendre", a souligné Ségolène Royal.
"Les Français veulent maîtriser leur destin et être respectés"
L'ancienne ministre de l'Environnement a aussi regretté le manque d'écoute, de bon sens et de bienveillance d'Emmanuel Macron. "Il considère que ce qu'il décide, à lui tout seul, est bon pour le pays. Mais non, la preuve, cela crée du désordre injuste. Donc, la question lorsque l'on gouverne, c'est soit on gouverne parce qu'on aime le pouvoir, soit on gouverne, parce qu'on aime les gens qui vous ont momentanément confié le pouvoir", a-t-elle expliqué. "Ce que veulent dire aujourd'hui les Français en résistant à cette réforme, c'est qu'ils veulent maîtriser leur destin et être respectés", a-t-elle conclu.