Les partenaires sociaux sont reçus ce mardi à l'Elysée pour évoquer, entre autres, la réforme des retraites. Suspendue pendant la crise sanitaire, ce projet explosif revient sur le devant de la scène à quelques mois de la présidentielle. Emmanuel Macron semble décidé à tenir sa promesse de campagne, tout en revoyant son ampleur à la baisse. Sur Europe 1, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure dénonce une "réforme pas légitime et indigne" et réaffirme son opposition au projet.
Inégalité devant l'espérance de vie
"Reculer de deux ans l'âge légal de départ à la retraite, c'est considérer que nous sommes tous égaux devant l'espérance de vie, explique l'élu socialiste, pointant les différences entre certaines classes sociales. "Vous avez des gens qui ont une espérance de vie qui est treize ans inférieure à celle des cadres. Et vous voudriez qu'on amène tout le monde à 64 ans ?"
"Il y a des gens qui sont déjà au chômage depuis longtemps, des gens qui ne peuvent plus travailler car ils sont brisés par l'exercice professionnel", rappelle Olivier Faure.
Gabriel Attal a ainsi souligné dans une interview aux Echos mercredi qu'une décision politique sur le sujet devrait être prise "notamment en fonction de l'épidémie et de l'ampleur de la reprise de l'économie". Quant à Emmanuel Macron, il pourrait poser le principe de la réforme d'ici juillet, et renvoyer au mois de septembre la définition de ses contours précis. Selon les indiscrétions, le recul de l'âge de deux ans pourrait s'appliquer pour la génération née en 1961.
Des déficits creusés par le gouvernement
Face au déséquilibre du système de financement des retraites, de nombreuses voix s'élèvent pour alerter sur l'urgence d'une réforme, qui pourrait être de plus en plus "douloureuse". Un diagnostic que ne partage pas le premier secrétaire du PS. "La vraie question qui est posée c'est comment est-ce qu'on fait pour partir à la retraite dans de bonnes conditions ? Comment est-ce qu'on fait pour que la vie ne devienne pas un enfer pour les gens qui ont de toutes petites retraites ? Comment est-ce qu'on fait pour que les minimas soient relevés ? Pour que les carrières hachées soient compensées ?", s'interroge plutôt Olivier Faure.
"Ces déficits sont liés, pour une large part, à la politique que mène le gouvernement. Quand vous exonérez de cotisations sociales, quand vous supprimez de l'emploi public, cela a des conséquences directes sur le financement de nos retraites", déplore l'élu socialiste. "Vous ne pouvez pas à la fois creuser le trou et après crier au loup."
Selon un sondage publié vendredi, les Français se disent quant à eux majoritairement opposés (57%) à une réforme avant la fin du quinquennat. "Les Françaises et les Français savent à quoi s'en tenir avec ce gouvernement", assure Olivier Faure, qui dénonce des réformes peu responsables telles que l'assurance chômage ou les retraites. "C'est un instrument de destruction de la cohésion sociale dans le pays".