La nouvelle ministre de la culture Roselyne Bachelot a dit lundi vouloir "mettre la culture au cœur du plan de reconstruction de notre pays" après la crise du coronavirus, au cours de sa passation de pouvoirs avec Franck Riester, une heure après sa nomination. "Je sais que le temps m'est compté", a-t-elle souligné, alors que son prédécesseur venait d'évoquer la "malédiction de voir le titulaire de ce ministère changer tous les 18 mois" en moyenne.
"L'urgence absolue en ce début d'été sera d'aider à la remise en route et en état des lieux de culture : festivals, musées, cinémas, monuments historiques", a assuré l'ancienne ministre de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. "C'est quasiment une question de vie ou de mort pour tant de personnes, emplois directs et emplois dérivés", a-t-elle ajouté, après avoir souligné que le monde de la culture avait "pris en pleine face la dévastation de la crise pandémique".
"Des états généraux des festivals"
Cette féministe de droite, vive, atypique et parfois gaffeuse, a déjà occupé trois fois la tête d'un ministère, avait tourné la page de la politique après la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012, animant des chroniques sur D8, RTL ou RMC. "On est réunis par la musique, la culture", affirmait-elle le soir de la nomination de Jean Castex comme Premier ministre, en saluant l'arrivée d'un "homme de culture".
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Lors de la passation de pouvoir, Roselyne Bachelot a souhaité en particulier tenir "dans les prochains jours" des "états généraux des festivals", touchés par une vague d'annulation cette année, "pour que la saison prochaine retrouve sa vitalité artistique". Elle a aussi dit vouloir s'"impliquer pour que les salles de théâtre, d'opéra et de concert puissent redémarrer" et "soutenir les nécessaires restructurations à mener" dans le secteur de la presse écrite et de sa distribution, qui traverse une "crise existentielle". Cette amatrice de piano (qu'elle pratique depuis l'âge de 3 ans et demi) se décrit elle-même comme une "dingue d'opéra". "J'ai toujours rêvé être Maria Callas", déclare en 2012 au JDD celle qui se dit "capable de faire un aller-retour Paris-New York de quelques heures pour écouter une oeuvre au Metropolitan Opera".
"Des chantiers immenses"
Concernant le bilan de Franck Riester, elle a estimé qu'il fallait le "poursuivre", le "consolider", le "repenser parfois". La ministre a évoqué "l'approfondissement du plan bibliothèques", en faisant de ces endroits des "lieux de rencontres" pour "amener les jeunes à la lecture", ou encore "un bilan d'étape apaisé" du pass Culture, dispositif d'accès des jeunes aux activités culturelles, "pour passer de l'expérimentation à la généralisation". Elle a aussi cité "les mutations profondes qui restructurent l'audiovisuel", alors que l'ancien Premier ministre Edouard Philippe a annoncé mi-juin que les dispositions du vaste projet de loi devant réformer le secteur seraient réparties dans plusieurs autres textes, en raison des contraintes liées à l'agenda parlementaire post-Covid.
Autres "chantiers immenses", "la préservation des droits d'auteur": elle devra décider quelles suites donner au rapport de Bruno Racine sur le sujet, remis fin janvier, ou encore "le financement de notre cinéma". Pour accomplir ces tâches, Roselyne Bachelot assure vouloir "commencer tout de suite" à "travailler avec d'autres ministères", "approfondir les liens avec les élus locaux, les acteurs économiques" et "décloisonner le public et le privé".