Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel considère comme Jean-Luc Mélenchon que la visite de la présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis Nancy Pelosi à Taïwan est une "provocation", assurant que les écrits du leader de LFI ne l'ont "pas choqué". "Ce qu'il a écrit ne m'a pas choqué", dit-il dans Libération lundi, estimant qu'"il n'est pas excessif de dire" que cette visite, le 4 août, était "tout sauf de la nuance et de l'équilibre!"
"Tout doit être fait pour éviter la moindre provocation"
"Dans un moment où les tensions dans le monde sont très exacerbées, tout doit être fait pour éviter la moindre provocation", ajoute-t-il, et il est donc selon lui "malvenu qu'un seul pays", en l'occurrence les Etats-Unis, "décide d'une telle initiative pour provoquer un incident avec la Chine".
En pleines tensions entre Pékin et Taipei, Jean-Luc Mélenchon a considéré dans deux billets de blog successifs, jeudi et samedi, que la visite de Nancy Pelosi constituait "une provocation", alors qu'"il n'y a qu'une seule Chine", qui "siège parmi les cinq membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU", et que "Taïwan est une composante à part entière de la Chine" - un vocable défendu par le régime de Pékin mais refusé par les autorités de Taipei. "Les Chinois régleront le problème entre eux", en a-t-il conclu.
Son premier billet a déclenché une salve de critiques dans les rangs d'EELV et du PS, alliés avec LFI et le PCF au sein de la Nupes, tandis que le secteur International-Europe du PCF utilisait le même vocabulaire que lui, parlant de "provocation inconséquente dans une situation mondiale déjà particulièrement dangereuse".
Des divergences de vue
Jean-Luc Mélenchon a toutefois interpellé Fabien Roussel, qui était resté silencieux, dans son second billet, le leader de LFI se demandant "où" il était "passé". Chez EELV, le secrétaire national Julien Bayou a dénoncé vendredi "une vision assez datée" et "un vrai cynisme en matière de géopolitique" de la part de M. Mélenchon, tandis que le patron du PS Olivier Faure jugeait que si "l'opportunité de la visite de Nancy Pelosi à Taïwan est discutable, la volonté des Taïwanais de vivre en démocratie ne l'est pas".
Des divergences de vue pas nouvelles entre membres de la Nupes sur les sujets internationaux et qui "ne (les) empêche(nt) pas de travailler ensemble", relativise Fabien Roussel.
Au Rassemblement national, Louis Aliot, maire de Perpignan et candidat à la présidence du parti, a jugé lundi que Jean-Luc Mélenchon avait "l'indignation ou le soutien sélectif". "Il est toujours en train de défendre tous les mouvements d'autodétermination partout dans le monde (...), mais quand la Chine, avec Taïwan, mène des actions d'intimidation, il est du côté du dictateur chinois", lui a-t-il reproché sur Europe 1.
"En droit international il n'y a qu'une seule Chine mais il n'en demeure pas moins que Taïwan a des droits légitimes et qu'il faut préserver cette liberté qu'ils ont", a développé M. Aliot, jugeant que "la France a tout intérêt à parler à la Chine, qui est un grand pays, et à défendre les intérêts de Taïwan".