Le président Emmanuel Macron a reconnu jeudi à Kigali les "responsabilités" de la France dans le génocide des Tutsi de 1994 au Rwanda, dans un discours très attendu où sans présenter d'excuses, il a dit espérer le pardon des victimes. "En me tenant, avec humilité et respect, à vos côtés, je viens reconnaître nos responsabilités", a déclaré le chef de l'Etat français, tout en affirmant que la France n'avait "pas été complice" du génocide ayant fait plus de 800.000 morts.
"C'est ça ce qu'on remarque"
Au micro d'Europe 1 jeudi, Egide Nkuranga, le président de la principale organisation de rescapés Ibuka, regrette que le président français ait "évité le mot exact dans son discours". "On attendait qu'il dise clairement qu'il présente des excuses au nom de l'Etat français. Il ne l'a pas fait. Même pour le pardon, il ne l'a pas fait. C'est ça ce qu'on remarque."
De son côté, Emmanuel Macron s'est justifié en estimant que l'évocation d'"excuses", également souhaitée par des responsables politiques français, n'était pas "appropriée" et qu'il préférait la "reconnaissance des faits". Quant au pardon, "ce n'est pas moi qui peut le donner", a-t-il ajouté.
"Ils ne vont pas tolérer les présumés génocidaires qui sont en liberté en France"
Malgré cette déception, Egide Nkuranga dit avoir apprécié l'engagement d'Emmanuel Macron "à ce qu’aucune personne soupçonnée de crimes de génocide ne puisse échapper à la justice", alors que plusieurs d'entre elles résident en France. "C'est ce que nous demandions avant", souligne Egide Nkuranga. "Je pense que c'était très important de mentionner ça. Ils ne vont pas tolérer les présumés génocidaires qui sont en liberté en France. Ils peuvent donc les traduire en justice. C'est quelque chose de très important que l'on attendait."
Le discours d'Emmanuel Macron a en tout cas été salué par son homologue Paul Kagame lors d'une conférence de presse commune. "Ses paroles avaient plus de valeur que des excuses. Elles étaient la vérité", a réagi Paul Kagame, en évoquant le "courage immense" de son "ami" Emmanuel Macron.