Au lendemain de son investiture, le nouveau président de la République a nommé lundi son Premier ministre, en la personne d'Édouard Philippe. L’ex-député-maire du Havre va découvrir les obligations mais aussi les nombreux avantages dont bénéficie le deuxième personnage de l’État dans l’ordre du protocole : un salaire généreux, plusieurs résidences et des dizaines de collaborateurs, entre autres.
- Une rémunération de 15.000 euros bruts mensuels
Le salaire du Premier ministre est très codifié. Il est composé de trois éléments de rémunération : un traitement brut mensuel (11.580 euros), une indemnité de résidence équivalente à 3% du traitement brut (tous deux imposables et soumis aux cotisations sociales) et une indemnité de fonction non-imposable (égale à un cinquième de la rémunération totale). L’une des premières mesures de François Hollande en 2012 avait été de réduire les salaires du Président et du Premier ministre. Résultat, Édouard Philippe gagne désormais 14.910 euros bruts par mois, soit 12.696 euros nets, autant que le chef de l’État.
- Deux résidences en plus de Matignon
Comme le Président, le Premier ministre travaille sur son lieu de vie (et inversement). La résidence et les bureaux d'Édouard Philippe sont situés dans l’hôtel Matignon, au 57 rue de Varenne, dans le 7ème arrondissement de Paris. Quand il souhaite se détendre, se mettre au vert, le Premier ministre peut se rendre au château de Champs-sur-Marne, en Seine-et-Marne. Autre possibilité : le château de Souzy-la-Briche, en Essonne, domaine présidentiel "échangé" en 2007 avec La Lanterne, à Versailles, ancien lieu de villégiature du Premier ministre désormais affecté au Président. Un échange qui avait valu à François Fillon cette remarque humoristique de Jean-Pierre Raffarin : "Avec la perte de la Lanterne, tu as perdu le meilleur du job !".
- Train gratuit et avions à disposition
Le Premier ministre sillonne la France, l’Europe et le monde et dispose pour cela d’avantages conséquents en matière de transport. Personnellement, il dispose d’une voiture de fonction avec chauffeur. Bernard Cazeneuve se déplaçait en Citroën C6. A côté, le parc automobile de Matignon est composé d’un peu moins de 100 véhicules, alloués aux collaborateurs du Premier ministre et aux autres services dépendant du chef du gouvernement.
Pour les trajets en train, le Premier ministre, comme les membres du gouvernement et le Président, bénéficie d’un accès gratuit à l’ensemble du réseau SNCF, en première classe. Pour les déplacements à l’étranger, l’occupant de Matignon a recours aux services de l’Escadron de transport 60, une division de l’armée de l’air qui assure le transport aérien des autorités françaises. Quand il se rendra sur la base de Villacoublay, Édouard Philippe aura le choix entre neuf avions (huit petits Falcon et un Airbus) et trois hélicoptères.
- Des dizaines de collaborateurs
En plus du gouvernement, le Premier ministre a autorité directe sur 26 organismes, institutions, conseils, secrétariats général, etc. Quasiment autant relèvent du budget de Matignon mais leur gestion est déléguée. Au quotidien, le Premier ministre est au contact de son cabinet. C’est lui qui nomme les membres, dans une transparence totale puisque la composition du cabinet est publiée au Journal officiel. Ainsi, Bernard Cazeneuve s’était entouré de 52 personnes (hors cabinet militaire). La protection du chef du gouvernement est assurée par un groupement de sécurité dédié, composé de trois gardes du corps particuliers et de plusieurs dizaines d’agents.
- Des avantages… et des contraintes
Premier ministre, cela rapporte aussi des honneurs : si Édouard Philippe reste six mois en fonction, il recevra la grand-croix de l'Ordre national du Mérite. En revanche, pas de retraite à vie comme on l’entend parfois. En cas de démission ou de limogeage, le Premier ministre touche le montant de sa rémunération mensuelle pendant trois mois, à moins qu’il ne retrouve une activité durant cette période. Ensuite, les anciens locataires de Matignon disposent, à vie, d’une voiture, d’un chauffeur et d’un assistant personnel.
En échange de ces avantages, le Premier ministre est tenu depuis la loi de 2013 sur la transparence de la vie publique, de présenter, dans les deux mois qui suivent sa nomination, "une déclaration exhaustive, exacte et sincère de sa situation patrimoniale concernant la totalité de ses biens propres" et de ses revenus. Il doit aussi détailler les intérêts qu’il détient à la date de sa nomination. Ces obligations incombent également aux ministres.
Les déclarations de patrimoine floues d'Édouard Philippe
Médiapart a révélé vendredi qu'Édouard Philippe aurait reçu un blâme de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique pour avoir refusé de fournir des informations exactes sur sa déclaration de patrimoine de 2014. Il avait bien indiqué la liste de ses propriétés immobilières mais, systématiquement, quand il devait préciser leur valeur, il avait inscrit "aucune idée" dans la case correspondante. "Comme beaucoup de parlementaires sans doute, j’ai essayé de concilier le respect de la loi et une forme de mauvaise humeur", a répondu Édouard Philippe à Médiapart, précisant qu'il avait bien indiqué le prix d'achat de ses biens. "Je n’avais pas accès aux bases de données qui permettent une évaluation." En 2013, le député Philippe s'était également opposé aux dispositions de la loi sur la transparence de la vie publique, consécutive à l'affaire Cahuzac.
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