Le président Emmanuel Macron a appelé samedi les groupes de grande distribution à contenir leurs marges pour lutter contre l'envolée des prix alimentaires. "Ceux qui doivent faire un effort sur leurs marges, c'est les distributeurs", a déclaré le chef de l'Etat au cours de sa visite au Salon de l'agriculture. En 2022, la visite présidentielle avait été très rapide, au tout début de la guerre en Ukraine, et le salon avait été annulé en 2021 en raison du Covid.
Renouant avec la tradition, Emmanuel Macron met par ailleurs fin à une discrétion médiatique observée depuis le début des débats sur la réforme des retraites. Si quelques visiteurs munis de pancartes appelant à un retour à la retraite à 60 ans ont été tenus à distance de la déambulation du chef de l'Etat, celui-ci a défendu sa réforme qui maintient le système par répartition - "un trésor" -, en faisant observer qu'il n'y avait "qu'une solution: travailler davantage". "On ne me parle pas tant que ça des retraites !", a-t-il finalement soufflé.
Échange musclé entre Emmanuel Macron et un activiste écologiste
"Vous êtes la démonstration d'une forme de violence civique": Emmanuel Macron s'est écharpé samedi avec un homme se revendiquant du collectif "Dernière rénovation" lors de sa déambulation au Salon de l'agriculture, en déplorant que le militant refuse le "débat". Le jeune homme, qui arborait un t-shirt barré de la mention "A quoi tu sers?", a interpellé le chef de l'Etat en l'appelant à "écouter les rapports scientifiques" sur le changement climatique. "Je suis là pour vous dire qu'on n'arrêtera pas, parce qu'on n'en peut plus de demander gentiment. Entendez-ça, sinon ça va être terrible. J'ai fini ce que j'avais à dire", a-t-il lancé en pointant son index sur le chef de l'Etat, mais en refusant d'écouter sa réponse. "On vous a déjà entendu!", s'est-il justifié.
"Vous êtes la démonstration d'une forme de violence civique", lui a alors rétorqué Emmanuel Macron, en l'interrogeant: "Je suis élu par le peuple français, vous êtes élus par qui?". "C'est pas un débat!", a insisté le militant. "Et ben alors, partez, si c'est pas un débat!", lui a répondu le président de la République. Alors que le jeune homme a promis de "ne pas se laisser faire", en faisant valoir que "c'est la vie de (sa) petite soeur qui (était) en jeu", Emmanuel Macron l'a repris en évoquant "la vie des agriculteurs, c'est la vie de nos compatriotes". Encore interpellé sur "la rénovation thermique des bâtiments", Emmanuel Macron a répondu: "C'est ce qu'on fait!"
"Je veux bien vous répondre, mais vous n'avez pas le courage et la cohérence d'écouter une réponse. Ça vous ressemble, et ça, ça ne sert à rien!", a conclu le chef de l'Etat, avant de faire remarquer, quelques minutes plus tard: "Moi, j'accepte de me faire engueuler, de me faire bousculer, mais j'aime pas tellement l'interpellation sans le débat". Adepte de la stratégie du coup d'éclat, le collectif Dernière rénovation, fondé début 2022, a déjà perturbé le Tour de France, Roland-Garros ou un match PSG-OM. Vendredi soir, l'une de ses militantes s'est brièvement introduite sur scène lors de la cérémonie des César.
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L'accord avec le Mercosur "pas possible" si l'Amérique latine ne respecte pas les normes environnementales, selon Macron
Le président français Emmanuel Macron a prévenu samedi qu'un accord commercial entre l'Union européenne et les pays du Mercosur ne serait "pas possible" s'ils ne respectaient pas les mêmes contraintes environnementales que les Européens. "Un accord avec les pays du continent latino-américain n'est pas possible s'ils ne respectent pas comme nous les accords de Paris [sur le climat] et s'ils ne respectent pas les mêmes contraintes environnementales et sanitaires qu'on impose à nos producteurs", a dit Emmanuel Macron en marge de sa visite au Salon de l'agriculture. Le Mercosur regroupe le Brésil, l'Uruguay, le Paraguay et l'Argentine, d'importantes puissances agricoles.
"Quand on impose à nos producteurs des contraintes, on doit les imposer à l'alimentation qu'on importe, ce qu'on ne fait pas assez au niveau européen", a dit Emmanuel Macron. "C'est pourquoi vous m'avez entendu ces dernières années me battre, en particulier, sur le sujet du Mercosur", a encore affirmé le président français. Un accord a été conclu en 2019 entre l'UE et le Mercosur, après plus de 20 ans de difficiles négociations, mais il n'avait pas été ratifié, notamment en raison d'inquiétudes en Europe sur la politique environnementale de l'ex-président brésilien Jair Bolsonaro.
Le ton a changé à la faveur du retour au pouvoir du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva. Au début de cette année, le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans a affirmé que l'UE espérait signer l'accord d'ici le mois de juillet. Les agriculteurs français et les éleveurs bovins en particulier redoutent de voir affluer sur le marché européen davantage de denrées agricoles sud-américaines soumises à des standards de production moins exigeants. A la différence de l'UE, le Brésil n'a ainsi pas banni des rations animales les antibiotiques activateurs de croissance.
Emmanuel Macron appelle à un "plan de sobriété" sur l'eau
Le président Emmanuel Macron a appelé samedi à "un plan de sobriété sur l'eau" sur le modèle de la "sobriété énergétique", évoquant "la fin de l'abondance, lors d'une visite du Salon de l'agriculture à Paris, sur fond de déficit de pluies record à l'échelle nationale. "On sait qu'on sera confronté comme on était l'été dernier à des problèmes de raréfaction (d'eau): plutôt que de s'organiser sous la contrainte au dernier moment avec des conflits d'usage, on doit planifier tout ça", a expliqué le chef de l'Etat, en appelant à "mieux récolter l'eau de pluie", "avoir moins de fuites dans les réseaux d'eau" et "mieux répartir l'utilisation de l'eau potable selon les usagers", notamment en "continuant de produire et d'investir sur des rétentions collinaires".
Le président français réclame "un effort" des distributeurs
Emmanuel Macron a appelé les supermarchés à "participer à l'effort" de la chaîne agroalimentaire pour faire face à l'inflation et à la hausse des coûts de production, depuis le salon de l'Agriculture qu'il inaugurait samedi. "Ceux qui doivent faire un effort sur leurs marges, c'est les distributeurs", a-t-il lancé, estimant que les producteurs avaient fait leur part compte tenu de l'explosion de leurs coûts. "Ce que je demande aussi à nos distributeurs aujourd'hui, c'est de participer à l'effort", a insisté le chef de l'État. Emmanuel Macron a lancé cet appel à une semaine de la fin des négociations annuelles entre la grande distribution et les industriels.
Ces négociations visent à fixer les prix de la majorité des produits en rayons l'année suivante. Elles se prolongent traditionnellement jusqu'au 1er mars, mais sont particulièrement tendues cette année en raison du contexte inflationniste. Les industriels demandent à la grande distribution d'acheter leur production plus cher en raison de la hausse de leurs coûts (énergie, emballage, salaires...) Mais les supermarchés, qui estiment ces demandes largement exagérées, font valoir qu'ils devront répercuter ces hausses sur leurs clients, nourrissant l'inflation des produits alimentaires qui atteignait déjà 12% sur un an en décembre 2022.
Les distributeurs "font des bénéfices, des profits j'en suis heureux pour eux et leurs salariés", a observé le président Macron selon lequel les industriels de l'agroalimentaire ont déjà fourni "un effort considérable ces dernières années". Ce sont "beaucoup de PME partout sur le territoire, donc nos distributeurs doivent nous accompagner dans ce moment-là", a-t-il martelé. Parmi ces derniers, "certains jouent le jeu et d'autres moins", a encore déploré Emmanuel Macron.
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Le président annonce qu'il se rendra en Chine "début avril"
Emmanuel Macron a annoncé samedi qu'il se rendrait en Chine "début avril", en appelant Pékin à "nous aider à faire pression sur la Russie" afin de "stopper l'agression" et "bâtir la paix". Au lendemain de la publication par la Chine d'un document appelant à des pourparlers de paix et une "solution politique", le chef de l'Etat français, qui s'est exprimé en marge d'une visite du Salon de l'agriculture, a expliqué que cette paix n'était "possible que si elle passe par un arrêt de l'agression russe, un retrait des troupes et un respect de la souveraineté territoriale et du peuple ukrainien".
"Le fait que la Chine s'engage dans des efforts de paix est tout à fait bon", a salué Emmanuel Macron, en appelant Pékin à "ne livrer aucune arme à la Russie" et à "nous aider à faire pression sur la Russie pour qu'évidemment elle n'utilise jamais ni le chimique ni le nucléaire, et qu'elle arrête cette agression en préalable à une négociation". La Chine cherche depuis quelques semaines à jouer un rôle de médiateur dans le conflit russo-ukrainien. Dans son document en douze points publié un an jour pour jour après l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes, Pékin s'oppose clairement à tout recours à l'arme nucléaire alors que Vladimir Poutine a brandi cette menace.
Emmanuel Macron réserve sa première annonce aux pêcheurs
A peine arrivé au Salon de l'agriculture samedi, Emmanuel Macron a réservé sa première annonce aux pêcheurs, à savoir la prolongation jusqu'en octobre de l'aide financière qui leur est accordée pour faire face à la hausse des prix du carburant. Venu à la rencontre des professionnels de la pêche de bon matin, avant même d'inaugurer officiellement le salon, le chef de l'État s'est engagé à "protéger la filière pêche, au nom de la souveraineté alimentaire française", selon le président du Comité national des pêches Olivier Le Nezet.
Ce soutien se traduira dans un premier temps par une prolongation de "l'aide au carburant" qui "reste de 20 centimes (hors taxe) par litre de gazole jusqu'à fin octobre" puis par la mise en place d'un "contrat stratégique de filière" attendu en octobre, a-t-il précisé auprès de l'AFP. La prolongation de cette aide qui devait prendre fin à la mi-mai est une manière de "donner de la visibilité" au secteur de la pêche, "en attendant la conclusion du contrat stratégique de filière entre tous les acteurs", a fait valoir le secrétaire d'État à la Mer Hervé Berville. Le coût de cette mesure est d'"environ 2,5 millions d'euros par mois", a-t-il spécifié, soulignant que la France était aujourd'hui le "seul pays qui soutenait à ce niveau-là" ses professionnels de la pêche.
Mi-février, Hervé Berville avait annoncé une prolongation de ce coup de pouce, mais avec un montant dégressif, ramené de 20 à 10 centimes d'ici à la mi-mai. Ce dispositif avait été mis en place initialement par le gouvernement de Jean Castex dans le cadre du "plan de résilience" visant à aider les entreprises à faire face aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine. Alors qu'il devait expirer fin juillet, il a donc été prolongé à plusieurs reprises depuis.