C'est l'invitée surprise de la campagne américaine : la santé des candidats. Après la pneumonie cachée d'Hillary Clinton et la déclaration rassurante de son médecin, la déclarant "apte à devenir présidente", c'est le docteur de Donald Trump qui a affirmé que son candidat était en "excellente santé", mercredi. "On est dans un effet d'entraînement", a résumé Anne Deysine, politologue et juriste spécialiste des Etats-Unis, jeudi soir sur Europe 1.
Absence de norme. "Aucune norme n'existe, il n'est précisé nulle part" que les candidats doivent communiquer sur leur santé, a indiqué l'experte. "Il y a juste une sorte de coutume qui veut qu'on donne des informations à ce sujet." Si le sujet prend tant d'importance dans cette campagne, c'est principalement à cause de deux facteurs, selon Anne Deysine : "Ce sont deux candidats âgés, et deux candidats mal-aimés. Or, à partir du moment où l'électeur sait qu'il va voter pour le moindre mal, il est beaucoup plus exigeant en termes de ce qu'il veut savoir."
La "paranoïa" d'Hillary Clinton. Dans le cas d'Hillary Clinton, la polémique ne date pas de l'annonce de sa pneumonie, souligne la politologue. "Depuis six mois, tous les sites complotistes disent qu'elle est malade, qu'elle a Alzheimer, qu'elle a une oreillette, qu'elle boîte", rappelle-t-elle. "Jusqu'ici, les gens relativisaient. Mais la grande erreur d'Hillary Clinton, c'est, parce qu'elle a été critiquée, attaquée, d'être paranoïaque. Au lieu de dire 'j'ai une pneumonie, je vais lever le pied pendant 24 heures', sa campagne a cherché à le dissimuler", analyse Anne Deysine. "Elle est restée debout pendant des heures pour les commémorations du 11-Septembre, même quelqu'un en bonne santé se serait effondré".
Des précédents historiques. Si elle fait beaucoup de bruit, la polémique n'est pas inédite, selon Anne Deysine. "Obama, très jeune, avait donné des tas d'informations sur sa santé (...). McCain, c'était l'inverse : il avait 71 ans et avait dû donner 1.000 pages de documents concernant son historique de rechutes de cancer de la peau depuis 2000". Mais le fonctionnement n'est pas le même pour un candidat et un président : "De même que nous ne savions pas grand chose pour François Mitterrand en France, on a appris bien après très tardivement le caractère sérieux de la condition médicale de Roosevelt aux Etats-Unis", explique l'experte. "Tout comme Kennedy : on le voyait jeune et ce n'est que bien après qu'on a appris qu'il avait la maladie d'Addison et qu'il prenait des médicaments anti douleurs extrêmement forts."