La commission indépendante voulue par Jean Castex, dont l'instauration a déclenché une levée de boucliers de tous bords au Parlement, ne sera finalement pas chargée de réécrire le controversé article 24 de la proposition de loi "Sécurité globable", a annoncé Matignon à l'AFP vendredi.
La "réécriture d'une disposition législative (...) ne saurait relever que du Parlement", a insisté Matignon, après avoir reçu dans la matinée un courrier du président de l'Assemblée Richard Ferrand exprimant son "opposition" à cette commission et un autre du président du Sénat Gérard Larcher lui demandant d'y renoncer. La commission, dont le résultat des travaux est attendu pour le 15 janvier 2021 "au plus tard", "pourra formuler des propositions de nature juridique, procédurale, ou relevant des champs de la formation, de l’éducation ou tout autre domaine qui lui apparaîtrait pertinent, s’agissant notamment des conditions de travail et d’intervention de la presse et des forces de l’ordre".
Castex fait marche arrière
Chapeautée par le président de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH), Jean-Marc Burguburu, cette commission devait initialement être chargée de "proposer une nouvelle écriture de l'article 24". Mais cette idée, lancée jeudi soir, a provoqué une crise politique et institutionnelle entre exécutif et Parlement, déchirant même la majorité.
Afin de tenter d'apaiser l'atmosphère, le Premier ministre recevra vendredi soir les présidents des groupes parlementaires de la majorité (LREM, MoDem, Agir) ainsi que la présidente de la Commission des lois à l'Assemblée Yaël Braun-Pivet, "pour échanger sur le périmètre" de la feuille de route de la commission, "qui a pour but exclusif d’éclairer le Gouvernement dans sa réflexion, dans le respect des prérogatives constitutionnelles du législateur".
"Je crois que les conditions d'un débat serein et apaisé sont réunies et que nous devons aller de l'avant", s'est félicité le patron des députés LREM Christophe Castaner dans un message à ses troupes consulté par l'AFP. Jean Castex a donc fait marche arrière, déjà empêtré dans les polémiques entourant cet article 24, voté en première lecture par l'Assemblée nationale et qui doit être soumis au Sénat, prévoyant de pénaliser la diffusion malveillante de l'image des policiers et gendarmes.