Édouard Philippe et les ministres de la Justice Nicole Belloubet, de l'Éducation Jean-Michel Blanquer et de l'Intérieur Christophe Castaner étaient en Seine-Saint-Denis ce jeudi, avec dans leurs bagages 23 mesures pour venir au chevet de ce département mitoyen de Paris, tout particulièrement en direction des services publics. Ceux-ci sont concernés par une annonce phare : une prime de 10.000 euros pour les fonctionnaires qui travaillent au moins cinq ans sur le territoire.
Certaines de ces mesures ont été bien perçues par les élus de ce bastion historique de la gauche. "Tout ce qui fait que les fonctionnaires soient fidélisés, aient envie de venir et de rester en Seine-Saint-Denis est forcément une bonne nouvelle", explique ainsi au micro d'Europe 1 Olivier Klein, maire socialiste de Clichy-Sous-Bois. "On a besoin d'avoir le meilleur des fonctionnaires sur notre territoire et le turn over était une difficulté supplémentaire." Mais pour l'édile, sortir le carnet de chèques ne suffira pas à redonner une image attractive du 93 chez ces agents. "Je ne crois pas que seules les mesures financières soient suffisantes, c'est aussi la qualité des conditions de travail qui doit être améliorée".
La question des directeurs et directrices d'école
Développer l'attractivité du 93 en luttant contre la ghettoïsation est aussi pour lui une priorité, afin de lancer une dynamique positive chez les habitants : "C'est un département qui accueille souvent les plus fragiles. Quand les gens vont mieux, ils le quittent. Il faut que ces mesures permettent de donner envie aux habitants de la Seine-Saint-Denis d'y rester". Olivier Klein évoque plusieurs pistes de travail pour redorer l'image du territoire : l'école, le retour des emplois aidés, la qualité des logements et la santé, des secteurs justement concernés par certaines des 23 mesures : "Comment fait-on pour lutter contre les déserts médicaux ? Pour que les hôpitaux soient plus accueillants ? Pour passer moins de temps aux urgences ? Sur ces sujets, le gouvernement propose des choses."
Le maire de Clichy-sous-Bois note en revanche certains oubliés qui auraient pourtant, eux aussi, mérités l'attention du gouvernement selon lui, à commencer par les directeurs et directrices d'écoles. "On a beaucoup parlé des difficultés rencontrées par les directeurs d'école dans nos villes. Je n'ai pas vu, à ce stade, de mesures qui vont améliorer au quotidien leurs conditions de travail", déplore l'élu, en référence au suicide d'une directrice à Pantin, le 21 septembre dernier, sur son lieu de travail. Elle dénonçait dans une lettre la dureté de ses conditions de travail. Olivier Klein recommande le recrutement d'aides administratives auprès des chefs d'établissement : "C'est quelque chose dont on aurait vraiment besoin pour que les parents soient mieux accueillis dans les écoles, et que directeurs et enseignants se sentent mieux."