«Sentiment de submersion migratoire» : Yaël Braun-Pivet se dit «gênée» par l'expression de François Bayrou
Céline Géraud
Invité sur LCI lundi soir, François Bayrou a évoqué le sujet de l'immigration et estimé qu'il y avait un "sentiment de submersion migratoire" éprouvé par certains Français. Des propos qui ont déplu à la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet qui se dit "gênée" par l'expression du Premier ministre.
Décidément, François Bayrou et Yaël Braun-Pivet ne sont pas toujours sur la même longueur d'onde. Lundi soir, le Premier ministre, invité sur LCI, a estimé qu'au sujet de l'immigration, certains Français pouvaient éprouver un "sentiment de submersion migratoire" dans "un certain nombre de villes ou de régions". Ce mardi matin, Yaël Braun-Pivet a exprimé son malaise devant ces déclarations.
Sur BFMTV et RMC, la présidente de l'Assemblée nationale s'est dit "gênée" par la tournure employée par François Bayrou. "Je n'aurais jamais tenu ces propos. On parle d'hommes et de femmes, on parle de notre pays, la France, qui, de par son histoire, de par sa géographie, de par sa culture, a toujours accueilli et s'est construite avec cette tradition-là", a-t-elle déclaré.
Darmanin salue "un Premier ministre courageux"
Si Yaël Braun-Pivet reconnaît qu'il ne faut pas "être naïf" et qu'il est important de "réguler l'immigration, être très ferme sur nos valeurs, nos conditions et nos exigences d'intégration et d'adaptation à notre pays, à sa culture et à son histoire", elle estime que la formule utilisée par le Premier ministre est "contraire à ce que nous sommes profondément" et dit ne pas apprécier "que l'on place, à nouveau ce débat sur ces questions-là de cette façon-là".
Et de conclure : "Il faut regarder le sujet migratoire en face. Mais moi, ce que je souhaiterais, c'est que l'on arrête de le regarder uniquement par le prisme du ministère de l'Intérieur (...) c'est un sujet beaucoup plus large que cela".
Son de cloche différent, en revanche, du côté de Gérald Darmanin. Sur le plateau de L'Heure des pros, en codiffusion sur CNews et Europe 1, le ministre de la Justice évoque "un Premier ministre courageux" qui "pour la première fois évoque ces sujets". "Je l'ai longtemps dit au gouvernement, j'étais assez minoritaire à l'époque et je constate que les choses changent", ajoute le garde des Sceaux.
Une série de désaccords entre Braun-Pivet et Bayrou
Ce n'est pas la première fois que Yaël Braun-Pivet dévoile au grand jour ses divergences avec François Bayrou. Au lendemain du passage du cyclone Chido sur Mayotte, la présidente de l'Assemblée confiait qu'elle aurait "préféré que le Premier ministre, au lieu de prendre un avion pour Pau, prenne un avion pour Mamoudzou". Le nouveau locataire de Matignon avait, à l'époque, provoqué une polémique en ralliant son fief de Pau en jet pour y présider le Conseil municipal en pleine crise à Mayotte.
Yaël Braun-Pivet est d'ailleurs une farouche opposante au retour du cumul des mandats que le Premier ministre avait évoqué lors de sa déclaration de politique générale le 14 janvier dernier. Elle est aussi en désaccord avec François Bayrou sur le sujet de la fin de vie, estimant que la volonté du Premier ministre de scinder le texte en deux parties, l'une sur les soins palliatifs et l'autre sur l'aide active à mourir, "est une erreur". "C'est un débat qu'il faut appréhender dans sa globalité. Ce que je ne veux pas, c'est que l'on tergiverse", a-t-elle ajouté ce mardi sur BFMTV et RMC.