Séparatisme. C'est l'une des notions qui agitent la rentrée politique du gouvernement français. L'exécutif prépare une loi sur le séparatisme et le président de la République devait prononcer un discours sur ce thème au cours de la semaine prochaine. Il a finalement décidé de repousser l'échéance, ce qui est "un très mauvais signe" selon Manuel Valls qui appelle le président à "restaurer l'autorité". L'ancien Premier ministre socialiste s'est longuement exprimé dans les colonnes du Journal du dimanche.
Lui qui employait, lorsqu'il était en fonction, les termes d'"apartheid territorial, social, ethnique et même religieux", ne renie pas le vocabulaire d'Emmanuel Macron. Pour lui, "il faut évidemment lutter contre tous les séparatismes, à condition de bien les nommer, mais ne soyons pas naïfs : le vrai sujet, c’est la bataille contre l’islamisme, l’islam politique, les Frères musulmans et les salafistes".
"La menace terroriste existe toujours"
Toutefois, Manuel Valls se défend de tout amalgame. Pas question pour lui de stigmatiser les musulmans. Le socialiste plaide pour "aider les musulmans de France, car la bataille est aussi celle de l’islam contre l’islamisme". Invité d'Europe 1 en début de semaine, l'ancien ministre de l'Intérieur Jean-Pierre Chevènement assurait qu'il était "difficile de contester l'existence d'un péril islamiste en France". Là encore, Manuel Valls est en parfaite adéquation avec cette rhétorique et reprend mot pour mot : "Il est difficile de contester, dans notre pays comme en Europe, l’existence d’un péril islamiste. Bien entendu, la menace terroriste existe toujours (...) dans notre pays, des individus peuvent passer à l’acte, comme nous l’avons vu ces derniers mois".
Ancien ministre de l'Intérieur puis Premier ministre sous François Hollande, Manuel Valls connaît ces thématiques pour y avoir été quotidiennement confronté. Ce qui lui permet également d'avoir une idée précise de la marche à suivre. Selon lui, une première urgence, "qui ne figure pas dans le projet de loi, c’est la remobilisation du camp républicain et laïque". "Les grandes associations d’éducation populaire, notamment à gauche, ont failli : la Ligue de l’enseignement, la Ligue des droits de l’Homme… Seule la Licra a sauvé l’honneur. Il faut remobiliser la société à travers les partis, les syndicats, les associations, les think tanks, autour de la République et de la laïcité. Appliquons déjà les lois qui existent sur les signes religieux à l’école ou sur l’interdiction du voile intégral", conclut l'homme politique.