Dans un discours prononcé devant le Medef lundi à Paris, la Première ministre Élisabeth Borne a invité les entreprises à agir pour éviter tout "rationnement" en matière énergétique. L'objectif est de réduire de 10% la consommation d'énergie. Un objectif qui a déjà été atteint à l'étranger dès 2017. Pour faire face à l'augmentation des prix de l'énergie, les entreprises colombiennes avaient réduit leur consommation. Le chantier avait pris six mois pour obtenir des résultats. Selon Vincent Sciandra, CEO de l’entreprise Metron, spécialisée dans la réduction de la consommation énergétique des entreprises, Élisabeth Borne donne un délai trop court aux entreprises, ce qui pourrait provoquer des coupures cet hiver.
Un délai qui semble court
"Il faut savoir que 10% de la consommation énergétique des entreprises, c'est énorme. Ça peut être un changement drastique de fonctionnement de l'entreprise, de changer des horaires de travail pour une entreprise de bureaux ou sur des usines, changer la façon dont on produit", explique Vincent Sciandra.
Pour cela, il faudra certainement "changer certaines machines pour qu'elles soient efficientes, changer de moteur avec des technologies qui consomment moins d'énergie", précise-t-il. "On parle ici de réduire la consommation, on parle aussi d'investir, de changer des équipements donc, c'est quelque chose qui peut être colossal."
"Le risque de délestage est tout à fait réel"
La mise en garde de la cheffe du gouvernement survient alors que la guerre entre l'Ukraine et la Russie, grande exportatrice de gaz, a causé une crise énergétique en Europe. Depuis le mois de juin, le gouvernement français répète son objectif de réduction de 10% de la consommation énergétique en France d'ici à 2024.
"J'aimerais être extrêmement optimiste et vous dire 'non, ne vous inquiétez pas, il n'y aura pas de coupure cet hiver'. Je vous mets au défi de savoir à l'instant T ce que vous consommez comme énergie, ça veut dire qu'il faut s'équiper, comprendre, visualiser derrière, monter des plans d'action et faire en sorte que tout le monde dans l'entreprise soit autour de ce plan d'action et le mettre en place. Le risque de délestage est tout à fait réel", a-t-il conclu.
"Soit on plonge ensemble, soit on y arrive ensemble", a résumé en fin de journée la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher. Les entreprises "feront leur part", a promis lundi le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux.