Pour Christian Estrosi, "il faut mettre un coup d'arrêt à ce qu'interdit la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés), une institution poussiéreuse qui s'appuie sur la loi de 1978, de permettre aux collectivités, à l'État et aux organisateurs de grands événements d'utiliser la reconnaissance faciale." Invité mardi d'Europe Matin, le maire de Nice et soutien de la majorité est revenu sur les incidents qui ont éclaté en marge de la finale de la Ligue des champions au Stade de France samedi soir et qui "ternissent l'image du sport". Il a détaillé, au micro de Sonia Mabrouk, pourquoi il était favorable à la mise en place de cette mesure à l'occasion des grands rendez-vous sportifs.
L'ex-LR a d'abord évoqué les difficultés pour les policiers d'interpeller les individus responsables des débordements. "Il est difficile pour les forces de police d'interpeller, au risque d'avoir des blessés voire des morts, 1.000 ou 2.000 personnes. Mais si ces individus sont identifiés par de la reconnaissance faciale, interdits de stade et qui ne peuvent pas s'en approcher, si on peut aller les cueillir au petit matin quand ils sont tout seul chez eux pour aller les mettre en garde à vue, l'intelligence artificielle jouera pleinement son rôle et sera plus efficace que de multiplier par deux, par trois ou quatre les forces de l'intérieur", a-t-il exposé dans la matinale d'Europe 1.
"Nous sommes équipés, nous avons les logiciels"
Si la loi relative à la sécurité, à l'informatique et aux libertés de la Cnil interdit ce recours à la vidéo, le maire de Nice a affirmé qu'"un grand nombre d'organisateurs de rencontres et de présidents de clubs y sont favorables". "Nous sommes équipés, nous avons les logiciels, nous avons des start-up et des grands industriels, y compris français comme Thalès, qui ont des systèmes très au point pour garantir les libertés individuelles, et que seules les personnes fichées puissent être détectées par l'intelligence artificielle", a-t-il ajouté. "Pourquoi, alors que d'autres pays s'en munissent, continuer à s'abstenir de cela", s'est-il interrogé sur Europe 1.
"Il faut une réforme constitutionnelle qui permette de le faire et pour cela, il faut une majorité qualifiée au Congrès", a indiqué l'ex-LR, aujourd'hui soutien de la majorité présidentielle.
Une expérimentation déjà menée à Nice
Christian Estrosi porte cette proposition, fort d'une expérience menée dans sa ville. "Je l'ai expérimentée pour le compte de la Cnil, lors d'un grand événement, le carnaval de Nice, qui a rassemblé des dizaines de milliers de spectateurs. On a démontré que seuls les 2.000 volontaires fichés pouvaient être identifiés par la reconnaissance faciale, c'est-à-dire que les 30.000 autres spectateurs il y a trois éditions, en 2020, ne pouvaient pas être identifiés", a-t-il assuré, soulignant que "seuls ceux qui avaient une fiche dans un logiciel avec leurs empreintes" étaient reconnus.
Le président délégué du conseil régional de PACA a fait le parallèle avec les aéroports : "C'est comme lorsque vous rentrez dans un aéroport et que vous passez aux contrôles de police, qu'on vous demande de regarder, on demande bien d'utiliser la reconnaissance faciale." C'est aussi vrai dans la vie quotidienne, a-t-il enchéri : "Lorsque vous allez n'importe où, avec votre portable pour pouvoir sortir une application, on vous demande la reconnaissance faciale. Joe Biden ou Xi Jinping peuvent vous surveiller à travers votre portable, mais on ne demande pas aux institutions françaises de pouvoir le faire et garantir votre sécurité. C'est un vrai débat", a-t-il conclu sur cette proposition d'utilisation de la reconnaissance faciale.