La nouvelle ne fait pas l'unanimité à gauche. Alors que l'essayiste Raphaël Glucksmann a annoncé vendredi qu'il serait candidat aux européennes, à la tête d'une liste qui devrait recevoir samedi le soutien du PS, Stéphane Le Foll, maire socialiste du Mans, explique dans une interview au Figaro son choix de quitter le bureau national du parti.
"Une mauvaise plaisanterie". Pour l'ancien porte-parole du gouvernement, la candidature de Raphaël Glucksmann "est une mauvaise plaisanterie". Et Stéphane Le Foll de railler Place publique, "ce mouvement inconnu de tous (qui) n’a ni ligne, ni portée, ni consistance !".
Un choix discuté au sein du PS. Il n'est pas le seul, au Parti socialiste, à discuter le choix du premier secrétaire Olivier Faure de s'effacer derrière le représentant d'un parti né il y a seulement quelques mois. "Le Parti socialiste apparemment sans liste aux européennes 2019 : une première depuis 1979, un cas unique en Europe. Pourquoi ? Pour quoi faire ? Sur quelles bases idéologiques ? Pour le moins étrange de la part d'un parti de gouvernement !", a tweeté le commissaire européen Pierre Moscovici, qui se serait bien vu conduire la liste PS.
Le @partisocialiste apparemment sans liste aux #Européennes2019: une première depuis 1979, un cas unique en #Europe. Pourquoi? Pour quoi faire? Sur quelles bases idéologiques? Pour le moins étrange de la part d’un parti de gouvernement!
— Pierre Moscovici (@pierremoscovici) 15 mars 2019
Hamon et EELV font la moue. À gauche, il n'est pas le seul à faire part de ses réticences. Le fondateur de Générations, Benoît Hamon, a accueilli fraîchement l'initiative de celui qui avait contribué à écrire son grand discours de Bercy pendant la présidentielle. "Une voix en faveur d'une liste socialiste est une voix perdue pour la gauche", a-t-il fustigé. Du côté d'EELV, l'accueil n'est pas plus chaleureux. "Triste de voir Raphaël Glucksmann et Claire Nouvian (la militante écologiste avec qui il mènera campagne "en tandem", ndlr) servir de bouée de sauvetage à un PS à l'agonie ayant participé, par renoncement à construire une Europe sociale et écologique, à la montée du national-populisme", a tweeté la députée européenne Michèle Rivasi.
Triste de voir Raphael Glucksmann & @ClaireNouvian servir de bouée de sauvetage à un #PS à l’agonie ayant participé, par renoncement à construire une #Europe sociale & écologique, à la montée du national-populisme.Nous #EELV aimons l’Europe, c’est pourquoi nous voulons la changer
— Michèle Rivasi (@MicheleRivasi) 15 mars 2019
Conseil national du PS samedi. Le PS devrait décider samedi lors d'un Conseil national à Paris, sans Stéphane Le Foll, de soutenir une liste d'ouverture tirée par Raphaël Glucksmann, à parité entre les candidats issus du PS et ceux provenant d'autres formations politiques ou de la société civile, "y compris sur les dix premières places", selon l'entourage d'Olivier Faure. Ce dernier a salué vendredi sur Twitter l'annonce de Raphaël Glucksmann. "Avec Place publique et tous ceux qui rejoindront cette démarche s'ouvre un chemin, celui des combats communs. Je demanderai demain aux socialistes de s'y engager".
Accepter la division de la gauche et des écologistes c'est accepter face à face exclusif entre libéraux et nationalistes.Avec @placepublique_ et tous ceux qui rejoindront cette démarche s'ouvre 1 chemin,celui des #combatscommuns.Je demanderai demain aux socialistes de s'y engager
— Olivier Faure (@faureolivier) 15 mars 2019
Les maires PS de Lille, Paris, Rennes et Nantes, la présidente de la région Occitanie Carole Delga, le président du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle Mathieu Klein lui ont emboîté le pas.