Après un week-end marqué par les violences à Paris et parfois en régions, en marge du mouvement des "gilets jaunes", l'exécutif tente de reprendre la main. Depuis son retour d'Argentine, où il participait au G20, Emmanuel Macron est resté relativement silencieux. Il a toutefois missionné son Premier ministre pour recevoir des "gilets jaunes" prêts au dialogue, ainsi que les chefs de partis.
VOTRE AVIS : le mouvement des "gilets jaunes" va-t-il continuer à s'amplifier ?
Faire redescendre la pression. Mais rencontrer les opposants politiques ne suffira sans doute pas à sortir de la crise. "L'exécutif est comme une poule face à un couteau", nous confiait un ministre, signe que le gouvernement semble dépourvu de solutions. D'où cet acte d'humilité du président qui consiste à faire revenir dans le jeu des corps intermédiaires.
Pour Emmanuel Macron, il y a urgence à faire redescendre une pression qui se focalise contre sa politique, mais aussi contre lui. Le chef de l'État voulait un rapport direct au peuple. Résultat : il se retrouve dans un face-à-face tendu, sans bouclier, avec une partie des Français, qui lui renvoient en boomerang ses petites phrases sur "ceux qui ne sont rien", "je traverse la rue, je vous trouve du travail", ou encore "les Gaulois réfractaires au changement".
Une responsabilité partagée. Recevoir les partis politiques est aussi une façon pour Emmanuel Macron de mettre chacun face à ses responsabilités. Le gouvernement le martèle : "la crise qui nous éclate à la figure résulte des trente dernières années", au cours desquelles le PS et la droite étaient aux commandes. De là à y voir une volonté de partager le mistigri, il n'y a qu'un pas. "Ils essayent de mettre tous les partis dans le même sac. Pas sûr que ce soit bon pour nous", déplore un dirigeant LR, partagé sur ces rendez-vous à Matignon.
Ironie de l'histoire : Emmanuel Macron, qui voulait jeter aux oubliettes les partis politiques traditionnels, appelle aujourd'hui "l'ancien monde" à la rescousse. Cela aura-t-il un impact sur les "gilets jaunes" ? C'est loin d'être écrit. Si le Rassemblement national, les Insoumis ou Les Républicains ont des électeurs au sein du mouvement, aucun parti ne le maîtrise dans sa globalité.