La participation au premier tour des élections législatives atteignait 18,43% dimanche à midi selon le ministère de l'Intérieur, un chiffre en baisse de 0,8 point par rapport à 2017 où elle s'établissait à 19,24%. Elle est aussi en nette baisse par rapport au premier tour de la présidentielle 2022, où elle atteignait 25,48% à midi. La participation est en revanche largement supérieure à celle des élections départementales et régionales de 2021 à midi (12,22%). À 17 heures, ce taux de participation s'élevait à 39,42%, en baisse d'1,3 point par rapport à 2017 (40,75%) et de près de 10 points par rapport à 2012 (48,31%). Elle est aussi largement inférieure à celle du premier tour de la présidentielle de 2022 (65%).
Vers une abstention record ?
C'est donc l'abstention qui pourrait bien conforter sa place de premier parti de France. Elle pourrait atteindre dimanche un nouveau record pour un premier tour d'élections législatives. Selon un sondage OpinionWay pour Cnews et Europe 1, elle s'établirait à 52,5%, soit plus d'un électeur sur deux. Après un premier quinquennat d'Emmanuel Macron marqué par des records d'abstention aux élections locales, et notamment la Bérézina des régionales de 2021 (66,72%), la dernière présidentielle en avril avait marqué un rebond (26,3% d'abstention au premier tour), qui aura donc été de courte durée.
L'alliance de gauche Nupes (LFI, PCF, PS et EELV) se présente au coude à coude dans les intentions de vote avec Ensemble!, coalition macroniste de LREM/Renaissance, du MoDem et d'Horizons. Mais au second tour dimanche 19 juin, les réserves de voix pourraient faire défaut à la Nupes pour aller chercher la victoire, à moins d'une mobilisation forte des abstentionnistes du premier tour.
L'abstention aux législatives n'a fait que progresser depuis le scrutin de 1993, passant de 31% cette année-là à 51,3% en 2017. Elle touche en premier lieu les jeunes et les catégories populaires.
Pour Macron, le risque d'une majorité relative
Les derniers sondages publiés vendredi placent Ensemble! en tête en nombre de députés, mais pas nécessairement avec la majorité absolue -289 sièges sur 577- que la macronie détenait dans la précédente Assemblée nationale élue en 2017. Si Emmanuel Macron n'obtenait qu'une majorité relative, il serait contraint de composer avec les autres groupes parlementaires pour faire approuver ses textes de loi.
La situation s'est déjà produite en 1988, après la réélection de François Mitterrand. Son Premier ministre Michel Rocard avait ensuite dû composer, laborieusement, des majorités éphémères pour chaque projet. Il avait aussi recouru souvent à l'article 49-3 de la Constitution, un procédé permettant de faire adopter sans vote un texte de loi, dont l'utilisation a depuis été restreinte.
Si, cas de figure le moins probable, la Nupes de Jean-Luc Mélenchon remportait la majorité absolue, Emmanuel Macron serait privé de pratiquement tous ses pouvoirs. "Ce n'est plus lui qui déterminera la politique de la nation, mais la majorité à l'Assemblée nationale et le Premier ministre qui en sera issu", résume Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à l'université Panthéon-Sorbonne.
Le "troisième tour" de Mélenchon
C'est avec cet objectif en tête que Jean-Luc Mélenchon n'a cessé de répéter qu'il voulait faire de ces législatives "un troisième tour" qui lui permettrait d'être "élu Premier ministre". Emmanuel Macron, qui a effectué quatre déplacements au cours de la campagne, a choisi lui de se poser, comme lors de la présidentielle, en rempart contre "les extrêmes".
Pointant le manque de crédibilité, selon lui, de la Nupes sur le plan économique, il réclame une majorité "forte et claire" afin de pouvoir mettre en œuvre son programme. En comptant la Première ministre Elisabeth Borne, quinze membres du gouvernement sont en lice aux législatives et devront quitter l'exécutif en cas de défaite, conformément à une règle non écrite mais déjà appliquée en 2017 par Emmanuel Macron.
Après que Marine Le Pen a engrangé plus de 40% des voix au second tour de la présidentielle, le Rassemblement national est, selon les sondages, distancé par la Nupes et Ensemble! en vue des législatives. Il pourrait toutefois obtenir entre 20 et 40 députés, contre 8 élus en 2017, et ainsi constituer un groupe parlementaire pour la première fois depuis 1986.
Le RN espère des conquêtes
Le RN, fort en PACA et dans les Hauts-de-France, espère avoir des élus dans de nouvelles régions, comme le Grand Est, l'Occitanie, voire la Nouvelle-Aquitaine. Dans ce camp, l'ex-candidat à la présidentielle Éric Zemmour nourrit lui aussi, dans le Var, l'espoir d'être élu député. Il pourrait être le seul de Reconquête!, son parti.
Enfin, ces législatives s'annoncent à très haut risque pour la droite traditionnelle des Républicains (LR), pilier pendant des décennies de la vie politique française, mais loin du pouvoir depuis 2012, et dont la candidate Valérie Pécresse a obtenu moins de 5% des voix à la présidentielle.
Près de 6.300 candidats briguent les 577 sièges, soit 20% de moins qu'en 2017, du fait notamment de l'accord à gauche. Ceux qui ne seront pas élus dimanche soir devront, pour accéder au second tour du 19 juin, soit arriver dans les deux premiers de leur circonscription, soit obtenir les voix de 12,5% des électeurs inscrits.