Une mesure symbolique. Emmanuel Macron réunit jeudi les plus hauts fonctionnaires français pour annoncer une réforme de grande ampleur de la haute-fonction publique, avec comme mesure phare : la suppression de l'Ecole nationale d'administration, ou ENA, comme l'a révélé Europe 1. Souvent décriée, symbole d'une élite "déconnectée de la réalité", cette école est le sujet d'un documentaire "ENA, pourquoi tant de haine?" diffusé samedi à 21 heures sur Public Sénat, coréalisé par Alix Etournaud et Emilie Lançon. Sur Europe 1, elles réagissent à cette information avec stupeur.
"C'est extrêmement démagogique", dénonce Alix Etournaud. "Dès qu'il y a quelque chose qu'on reproche à l'Etat, il tape sur l'ENA pour se défausser. La crise des 'gilets jaunes' est un exemple typique : ils n'ont jamais demandé la suppression de l'ENA, et pourtant on leur a donné cet os à ronger. Aujourd'hui c'est la crise vaccinale, cela ne fonctionne pas bien, on tape sur l'Etat, qui se défausse sur l'ENA. Pourtant, c'est bien l'Etat qui est responsable de la mise en place de la vaccination en France, ce ne sont pas les énarques."
"Je trouve que l'ENA ne méritait pas ça, elle est dans un mauvais feuilleton", poursuit-elle, pointant les revirements de l'exécutif au sujet de l'école. Au printemps 2019, le chef de l'Etat avait annoncé sa volonté de supprimer l'ENA, à la fin du grand débat national lancé après la crise des "gilets jaunes", avant d'opérer un revirement. "C'est incompréhensible", commente Alix Etournaud.
Quel établissement demain ?
L'ENA, créée il y a 75 ans, est la cible de critiques autant que d'intérêts. Ces dernières années, l'école administrative n'a jamais autant reçu de demandes de candidatures. Dans ce documentaire, les deux journalistes cherchent à déterminer les causes de cette image négative et la réalité du fonctionnement de cette école. Un sujet désormais bousculé par l'actualité puisque le reportage va être modifié. "On va intégrer ce qui va être dit dans l'après-midi", souligne Alix Etournaud. "On ne s'attendait pas, en travaillant sur l'ENA, que ce soit aussi palpitant puisqu'on a l'impression d'être dans un film d'action. Il se passe plein de choses durant cette année", ajoute Emilie Lançon.
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Selon une source proche de l'exécutif, l'ENA devrait être remplacée par une nouvelle école avec un recrutement, un enseignement et un mode de classement des élèves plus diversifiés. Imaginant avec incertitude la suite des évènements, Emilie Lançon évoque les projets de réformes déjà imaginés par le directeur, Patrick Gérard, conscient des problématiques, avec lequel elles ont pu discuter.
"Il voulait noter les élèves plus seulement sur leurs qualités scolaires mais aussi sur leur manière de se comporter, leurs compétences réelles et s'intéresser à des problèmes contemporains, comme l'écologie : que les élèves soient plus en prises avec le monde. Tout cela fera partie du package, mais le problème est aussi symbolique", commente-t-elle. "L'ENA, en grande partie à tort, a une mauvaise image. On a l'impression qu'en supprimant le nom, on supprime le problème mais je ne suis pas persuadée que la nouvelle école sera aussi différente que la précédente", souligne Emilie Lançon.