En accordant jeudi une interview fleuve au média en ligne Brut, Emmanuel Macron veut convaincre une jeunesse frappée par la crise économique et sanitaire. L'interview, prévue à 16 heures en plateau, pourrait durer 1h30 à 2 heures, avec un temps dédié aux questions des internautes. Brut diffusera ensuite des questions-réponses sur Snapchat. Quelques heures avant cet entretien très attendu, le "streamer" politique Jean Massiet décrypte la stratégie d'Emmanuel Macron au micro d'Europe 1.
"On ne parle plus à tout le monde quand on parle à la télévision ou à la radio. On parle à une certaine catégorie de la population, qui reste attachée aux médias traditionnels", explique-t-il. Plébiscités par la jeunesse, les médias en ligne, comme Brut, représentent selon lui de "nouvelles manières de s'informer, plus directes, plus spontanées".
Le président "veut se rabibocher avec les médias de rue"
Jean Massiet voit aussi dans le choix du président une volonté de se "réconcilier" avec un certain nombre de journaux en ligne, inquiets de la proposition de loi "sécurité globale" qui menace selon eux la liberté de la presse. Le chef de l'Etat sera interviewé, entre autres, par le journaliste Rémy Buisine, récemment mis à terre par des policiers lors de l'évacuation brutale de migrants à Paris. "Brut est devenu le symbole des nouveaux médias de rue qui ont particulièrement percé avec le mouvement des gilets jaunes, et qui ont un problème en ce moment avec le positionnement politique. Le président est en rabibochage avec les médias d’internet et avec Rémy Buisine. Il va essayer de montrer qu’il n'a pas perdu la main."
Reste à savoir si le président maitrisera les codes de ce jeune média. "Internet peut impressionner les politiques car les codes sont différents, le public est différent. Il est parfois plus brutal. Les politiques ont pourtant tendance à s'exprimer de la même manière sur Internet qu'à la radio ou à la télévision, car ils y sont plus habitués, ils ont été formés à la politique avec." Jean Massiet suivra en direct l'interview présidentielle. "J'ai hâte de voir s'il se comporte différemment de lors d'une interview classique. Mais je n'en suis pas persuadé."