Emmanuel Macron a été vivement interpellé, lors d'un déplacement à Gaillac (Tarn) jeudi sur le thème de la sécurité en zone rurale, par une jeune femme au sujet de deux ministres accusés de viols. "Vous mettez à la tête de l'Etat des hommes qui sont accusés de viol et de violences pour les femmes, pourquoi ?", a lancé celle-ci, la vingtaine, lors d'un bain de foule du président.
Le chef de l'Etat avait fait arrêter le cortège et était descendu de voiture pour aller à la rencontre de plusieurs dizaines d'habitants postés derrière une barrière. La libération de la parole, "je l'ai accompagnée et je continuerai de l'accompagner, de la protéger. En même temps, pour fonctionner en société vous devez avoir de la présomption d'innocence", a-t-il répondu. Les cris de "menteur" et un "vous êtes abominable" ont alors retenti.
Les cas Darmanin et Abad
Imperturbable, le chef de l'Etat a continué à serrer des mains. "Comment ça va?", "Vous allez bien?", s'est-il enquis auprès des habitants. Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, avait été visé par une plainte pour viol, d'abord classée sans suite, puis relancée et pour laquelle le parquet a requis un non-lieu début 2022.
Fraîchement nommé ministre des Solidarités, Damien Abad est quant à lui accusé de violences sexuelles, à la suite d'un courrier émanant de l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles, une association créée en février, dans le sillage du mouvement MeToo. Dans ce dossier, le parquet de Paris n'a pas ouvert d'enquête préliminaire "en l'état", faute "d'éléments permettant d'identifier la victime des faits dénoncés".
L'égalité entre les hommes et les femmes, une "priorité" de son quinquennat
Les accusations contre Damien Abad, survenues juste après sa nomination, ont ravivé la colère des associations féministes, déjà très remontées après les accusations à l'encontre de Gérald Darmanin. Cette affaire a plombé les premiers jours du nouveau quinquennat d'Emmanuel Macron, alors que le chef de l'Etat a pour la seconde fois fait de l'égalité entre les hommes et les femmes une priorité de son quinquennat.
Des appels à la démission du ministre des Solidarités avaient aussitôt émané des rangs de l'opposition et des associations féministes. Ces dernières avaient notamment manifesté à Paris, à l'appel de l'Observatoire pour dénoncer "un gouvernement de la honte".