La tension entre Paris et Alger ne retombe toujours pas. Une dizaine de jours après les propos d'Emmanuel Macron accusant le système "politico-militaire" algérien d'entretenir une "rente mémorielle" en servant à son peuple une "histoire officielle" qui "ne s'appuie pas sur des vérités", le président algérien Abdelmadjid Tebboune a répliqué. Soulignant à l'adresse de son homologue français que "l'histoire ne peut pas être falsifiée", il a assuré aux médias nationaux qu'Alger était "agressé dans [sa] chair, dans [ses] martyrs".
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"L'histoire ne peut pas être falsifiée"
Abdelmadjid Tebboune a également conditionné le retour de l'ambassadeur algérien à Paris. Rappelé immédiatement après les propos d'Emmanuel Macron sur la "rente mémorielle", ce dernier reviendra lorsque la France aura un "respect total de l'Etat algérien". "Les relations avec la France relèvent de la responsabilité du peuple et de l'histoire. L'histoire ne peut pas être falsifiée", a-t-il continué, dans des propos jugés plutôt secs par les observateurs. "L'État est debout avec tous ses piliers, avec sa puissance, la puissance de son armée et son vaillant peuple", a déclaré celui qui est également chef suprême des forces armées et ministre de la Défense.
Pour "le reste, il s'agit de leurs affaires internes", a-t-il poursuivi dans une allusion à de possibles visées "électoralistes" des propos critiques d'Emmanuel Macron. "La France doit oublier que l'Algérie a été un jour une colonie française".
Revenant sur le coup de rabot dans les visas accordés à Alger par Paris, prononcée fin septembre, Abdelmadjid Tebboune a adressé une pique à Gérard Darminin, ministre de l'Intérieur. "Moussa Darmanin a bâti un gros mensonge", a accusé Abdelmadjid Tebboune, à l’adresse du ministre de l’Intérieur français dont Moussa est le deuxième prénom donné en hommage à son grand-père, un tirailleur algérien de la deuxième guerre mondiale. "Il n'y a jamais eu 7.000 [clandestins algériens, ndlr], c'est complètement faux."
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La guerre des chiffres à propos des clandestins
"La liste [des clandestins, ndlr] qui nous est parvenue en 2020 et les trois listes en 2021 comptaient 94 cas parmi lesquels 21 ont été acceptés et 16 autres rejetés", avait assuré le président algérien. "Ils ne vont pas rentrer (en Algérie) car ils sont liés au terrorisme. Ils sont venus de Syrie (...) Il y a des binationaux qui n'ont pas de famille ici."
Une attaque qui a rapidement trouvé une réponse, puisque quelques heures plus tard l'entourage du ministre a expliqué que "la liste [des 94 Algériens, ndlr] à laquelle le président Tebboune fait référence aux profils ultra-prioritaires, ceux fichés pour radicalisation et qu'on considère comme les plus dangereux, qu'on veut renvoyer au plus vite". Pour l'entourage de Gérard Darmanin, il y a bien eu 7.730 obligations de quitter le territoire français (OQTF) qui ont été prononcées depuis janvier contre des ressortissants algériens.