Le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, a annoncé lundi démissionner de la Commission européenne avec effet immédiat, affirmant que la présidente Ursula von der Leyen avait demandé à Emmanuel Macron qu'il ne soit plus le candidat de la France.
"Je démissionne de mon poste de commissaire européen, avec effet immédiat", a annoncé Thierry Breton dans une lettre à Mme von der Leyen publiée sur le réseau social X. Officiellement candidat d'Emmanuel Macron, il a expliqué que la présidente, en train de former l'équipe de l'exécutif européen pour un nouveau mandat de cinq ans, avait "demandé à la France de retirer (s)on nom".
"Une gouvernance douteuse"
"Il y a quelques jours, dans la toute dernière ligne droite des négociations sur la composition du futur Collège, vous avez demandé à la France de retirer mon nom, pour des raisons personnelles qu'en aucun cas, vous n'avez discuté directement avec moi, et proposé, en guise de compromis politique, un portefeuille prétendument plus influent pour la France au sein du futur Collège" des commissaires, écrit Thierry Breton. "C'est un autre candidat qui va vous être proposé" par la France, a-t-il ajouté.
"Au cours des cinq dernières années, je me suis efforcé sans relâche de défendre et de faire progresser le bien commun européen, au-delà des intérêts nationaux et partisans. Ce fut un honneur", souligne l'ancien ministre français. "Toutefois, à la lumière des derniers développements, qui témoignent une fois de plus d'une gouvernance douteuse, je dois conclure que je ne peux plus exercer mes fonctions au sein du Collège", conclut-il.
Des relations plus que tendues
Les relations entre la dirigeante allemande et Thierry Breton étaient notoirement tendues depuis que ce dernier avait pris la tête au printemps d'une fronde au sein de l'exécutif bruxellois pour contester le style de direction de la présidente, jugé peu collectif. Le commissaire français avait publiquement mis en cause l'éthique de Mme von der Leyen après la nomination fin janvier d'un émissaire chargé des petites et moyennes entreprises, un poste hautement rémunéré au sein de la Commission.
Le poste avait été attribué à l'eurodéputé allemand du Parti populaire européen (droite) Markus Pieper, quelques semaines avant un congrès à Bucarest début mars au cours duquel le PPE avait apporté son soutien à un second mandat de von der Leyen. La polémique avait abouti à un vote de défiance du Parlement européen contre Ursula von der Leyen, en pleine campagne pour les élections européennes de juin, et finalement au retrait de Markus Pieper.