Une nouvelle tribune de militaires anonyme publiée dimanche soir fait à nouveau polémique, quinze jours apprès un premier texte signé par des militaires en retraite. Cette fois-ci, il s'agirait de militaires en activité, qui disent sortir du silence "pour la survie du pays" face à la montée du "communautarisme" dans "le débat public". Alors que les auteurs laissent également entendre qu'une "guerre civile" pourrait éclater, Laurent Nuñez, coordinateur national du Renseignement et de la Lutte contre le Terrorisme, a estimé sur Europe 1 mardi que cette menace "n’existe pas". "Nous ne sommes pas au bord d’une guerre civile, c’est complètement faux", a martelé Laurent Nuñez, dénonçant un texte "très politique".
"L'Etat n'est pas défaillant"
"La menace de guerre civile n’existe pas" en France, a-t-il soutenu, car une guerre civile, a-t-il rappelé, est l’affrontement d’un camp contre un autre. Or "la République française est une et indivisible. Il n'y a pas un camp contre un autre dans notre pays. Il y a des individus qui commettent des infractions, et des individus qui veulent prôner la dominance d'une loi religieuse et qui conduisent à un séparatisme que nous combattons."
Laurent Nunez a également explicité les mots de Patrick Calvar, ancien patron de la DGSI, qui avait lui-même alerté sur une possible "guerre civile" au lendemain des attentats du 13-Novembre : "Il disait, 'attention', la montée en puissance de la menace terroriste, a fortiori quand des actes terroristes islamistes sunnites sont commis, peut conduire certaines parties de la population, extrêmement minoritaires - il pensait évidemment à l'ultra droite -, à mener des actions de représailles et se sentir légitimés. (...) Ce n'est pas de l'affrontement, c'est du terrorisme !"
"L'Etat n’est pas défaillant", a donc assuré le coordinateur national du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, se défendant de tout "aveuglement", en réponse aux auteurs de la tribune qui dénoncent "la visible déchéance" de la France. Il conteste également l'existence de "quartiers laissés à l'abandon".
Les forces Sentinelle "ne vont pas dans les quartiers"
Laurent Nuñez pointe aussi du doigt un manque de cohérence. "Quand je lis dans la fameuse tribune que certains militaires - une minorité forcément - expliquent que les forces Sentinelle ont vu des choses dans les quartiers, ce n'est juste pas possible, parce qu'ils ne vont pas dans les quartiers !"
"Nous ne sommes pas au bord d'une guerre civile., c'est complètement faux", a donc conclu l'ancien directeur général de la sécurité intérieure. "La réalité de l'action, ce sont des forces de sécurité intérieure qui mènent une lutte déterminée pour éradiquer le trafic de stupéfiants des quartiers; c'est une lutte déterminée de nos services de renseignement, de nos forces de sécurité avec tous les acteurs de la société, pour lutter contre le séparatisme islamiste qui n'a pas sa place dans les quartiers et n'a sa place nulle part en France."