La France, la Turquie et la Grèce vont mener "une opération humanitaire" d'évacuation "dans les tout prochains jours" de la ville assiégée de Marioupol, dans le sud de l'Ukraine, a annoncé vendredi le président français Emmanuel Macron. "Nous allons en lien avec la Turquie et avec la Grèce lancer une opération humanitaire pour évacuer toutes celles et ceux qui souhaitent quitter Marioupol", a-t-il déclaré à l'issue d'un sommet européen à Bruxelles.
Une nouvelle discussion avec Poutine dans les prochains jours
"J'aurai d'ici 48 à 72 heures une nouvelle discussion avec le président (russe Vladimir) Poutine pour bien en arrêter les détails et sécuriser les modalités", a précisé Emmanuel Macron. "J'espère pouvoir engager le maximum de parties prenantes dans cette opération", a poursuivi le président français, assurant se mettre "en capacité" de conduire cette évacuation "dans les tout prochains jours".
Emmanuel Macron a affirmé que les "équipes de l'Elysée" (la présidence française, ndlr) avaient échangé vendredi avec le maire de Marioupol, "ville de plus de 400.000 habitants qui n'a plus aujourd'hui que 150.000 habitants" vivant "dans des situations dramatiques". Plus de 2.000 civils ont été tués à Marioupol, d'après un dernier bilan communiqué par la mairie. Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, quelque 100.000 personnes sont toujours bloquées dans ce port stratégique de la mer d'Azov qui est assiégé par les troupes russes.
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Payer le gaz russe en roubles, une demande "non conforme à ce qui a été signé"
Emmanuel Macron a également jugé que l'exigence du président russe Vladimir Poutine de faire payer en roubles, et non plus en dollars ou en euros, les livraisons de gaz à l'Union européenne, n'était ni "possible", ni "contractuelle". Cette demande "n'est pas conforme à ce qui a été signé, je ne vois pas pourquoi nous l'appliquerions", a déclaré le président français, interrogé à l'issue du sommet européen à Bruxelles, sur cette annonce faite mercredi par Moscou.
Sur cette question, "on continue le travail d'analyse", a-t-il précisé. Mais "tous les textes signés sont clairs: c'est interdit. Donc les acteurs européens qui achètent du gaz et qui sont sur le sol européen doivent le faire en euros". "Ce n'est donc pas possible aujourd'hui de faire ce qui est demandé, et ce n'est pas contractuel", a insisté Emmanuel Macron.
Moscou cherche un "mécanisme de contournement des sanctions"
Il a estimé que Moscou cherchait, avec cette exigence, "un mécanisme de contournement" des sanctions économiques et financières décidées par les Européens à la suite de l'invasion de l'Ukraine. Très concernée, l'Allemagne avait dénoncé mercredi une "rupture de contrat" de la part de Vladimir Poutine, qui a donné une semaine aux autorités russes pour élaborer le nouveau système en roubles.
L'Allemagne est particulièrement dépendante du gaz russe, qui représente quelque 55% de ses importations. Et malgré l'invasion de l'Ukraine, le gaz russe continue d'affluer vers l'UE, qui refuse d'imposer un embargo, comme aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Les pays européens se sont néanmoins engagés à réduire rapidement leur dépendance. "Nous sommes un très gros acheteur pour le gaz russe et ce qui est vécu comme une vulnérabilité pour nous l'est aussi pour la Russie, qui ne peut pas du jour au lendemain, changer la structure de ses pipelines", a fait remarquer le chef de l'Etat français.