Emmanuel Macron a affirmé vouloir "la défaite" de Moscou face à l'Ukraine, tout en mettant en garde ceux qui veulent "avant tout écraser la Russie", ce qui ne sera "jamais" la "position de la France". "Je suis convaincu qu'à la fin, ça ne se conclura pas militairement", a-t-il dit dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, au Figaro et à France Inter, publié samedi soir. Il estime aussi que "toutes les options autres que Vladimir Poutine au sein du système actuel" lui "paraissent pires" que le président russe.
Écraser la Russie "ne sera jamais la position de la France"
"Je ne pense pas, comme certains, qu'il faut défaire la Russie totalement, l'attaquer sur son sol. Ces observateurs veulent avant tout écraser la Russie. Cela n'a jamais été la position de la France et cela ne le sera jamais", a-t-il ajouté. Ces observateurs semblent dans son esprit être ceux qui, notamment en Europe de l'Est, se montrent plus jusqu'au-boutistes et avaient vivement critiqué en mai 2022 ses propos selon lesquels il ne fallait pas "humilier" la Russie.
Dans cette interview réalisée vendredi soir dans l'avion qui le ramenait d'Allemagne, où il a participé à la conférence annuelle de Munich sur la sécurité, le président réaffirme vouloir favoriser une issue négociée. Dans son discours dans la ville bavaroise, il avait déjà estimé que la Russie devait "échouer" en Ukraine, mais certains observateurs lui avaient reproché de ne pas avoir été jusqu'à évoquer une nécessaire "défaite" de Moscou. Il avait aussi expliqué qu'il fallait "intensifier" le soutien à Kiev pour aller vers des "négociations crédibles".
La quête d'un "retour aux négociations"
"Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est que l'Ukraine mène une offensive militaire qui perturbe le front russe afin de déclencher le retour aux négociations", a-t-il insisté auprès des trois médias. Selon lui, "aucun des deux côtés ne peut l'emporter entièrement", "ni l'Ukraine, ni la Russie, car les effets de la mobilisation ne sont pas aussi importants que prévu et elle-même a des limites capacitaires".
Emmanuel Macron estime aussi que "toutes les options autres que Vladimir Poutine au sein du système actuel" lui "paraissent pires" que le président russe, dans une allusion à des durs comme le chef du Conseil de sécurité russe Nikolaï Patrouchev ou le patron du groupe paramilitaire Wagner Evguéni Prigojine. "Pensons-nous sincèrement qu'une solution démocratique émergera de la société civile russe présente sur place après ces années de durcissement et en plein conflit? Je le souhaite vivement, mais je n'y crois pas vraiment", a-t-il prévenu.