"Je suis de droite", Edouard Philippe arrive à Matignon avec ses convictions. Emmanuel Macron, venu de la gauche choisit de placer sa confiance en un homme de droite. C’est la révolution En Marche! : ce président est le premier de la Cinquième République à choisir de lui-même la cohabitation. C’est le plan, on le connaît, qui a été annoncé : constituer avant les législatives l’offre d’une majorité présidentielle à la fois de gauche, de droite et du centre. Et ça marche : les digues sautent ! Les consignes de parti du PS et des Républicains, les Français s’en moquent et les élus suivent le mouvement.
Un rival potentiel. Le cap, le seul que les électeurs semblent vouloir suivre, c’est celui du renouveau sur lequel Emmanuel Macron a bâti son projet. Pari audacieux, mais, comme dans tout pari, il y a une part de risque : en faisant entrer Edouard Philippe à Matignon, Emmanuel Macron ouvre les bras à un rival potentiel, il installe à ses côtés un concurrent pour 2022.
Un double de Jacques Chirac ? Cette silhouette élancée, cette allure leste et athlétique, ce crâne légèrement dégarni. Edouard Philippe entrant à Matignon, ça ne vous rappelle rien ? Ça rappelle un autre Premier ministre, un certain Jacques Chirac en 1974 : jeune Premier ministre à 42 ans – Edouard Philippe en a 46 –, gaulliste comme Edouard Philippe, ambitieux comme Edouard Philippe, chef de gouvernement d’un jeune Président, Valéry Giscard d’Estaing, auquel on a souvent comparé Emmanuel Macron, un président moderne, sans parti politique puissant derrière lui.
La graine de la discorde. Mais de la confiance on est passé à la méfiance, puis à la défiance. Les rapports entre les deux hommes se sont abîmés, nourris de leurs divergences de fond face à la crise, et nourris de l’ambition dévorante de Jacques Chirac pour l’Elysée. Leur union a tenu deux ans. Emmanuel Macron et Edouard Philippe célèbrent leur noce aujourd’hui, l’amour est sincère sans doute, le contrat est signé. Mais en germe, il porte les fruits d’une discorde qu’Emmanuel Macron devra prendre garde à ne pas ensemencer, ce qu’avait négligé VGE qui, à force de mépris, avait fait de Chirac son rival.