les républicains
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Nicolas Beytout , modifié à
À quelques mois de l'élection présidentielle, la droite connait deux batailles. Une première entre Eric Zemmour et Marine Le Pen. Une deuxième entre Emmanuel Macron et les cinq candidats à la primaire des Républicains, qui n'ont pas hésité à s'attaquer au président de la République lors du premier débat. Pour notre éditorialiste Nicolas Beytout, ces affrontements politiques ne font que commencer. 
ANALYSE

On connaissait depuis quelques semaines la lutte à mort que mène Éric Zemmour face à Marine Le Pen. Cette guerre totale est loin d’être terminée, elle va encore se poursuivre au moins jusqu’au début de l’année prochaine, et nul ne sait aujourd’hui qui en sortira vainqueur. C’est la première bataille à droite. La deuxième a pris de la consistance cette semaine avec le débat, lundi soir, entre les cinq postulants à la primaire des Républicains. Cet affrontement était plus soft, il ne durera pas plus de 3 semaines, mais chacun des débatteurs sait bien qu’à l’issue de cette primaire, il n’en restera qu’un.

Le débat de la droite très suivi

Cette séquence politique a d’ailleurs eu beaucoup plus d’impact qu’on ne pouvait l’imaginer. D’abord sur l’audience de la chaîne qui diffusait ce débat : plus de 800.000 téléspectateurs en moyenne sur LCI et une pointe au-dessus du million, c’est un très bon score. Le débat entre les finalistes de la primaire écolo, dans les mêmes conditions, n’avait réuni que 200.000 personnes devant leur poste. Autre effet visible de ce débat : la droite républicaine a montré qu’elle existait. Depuis sa déroute aux élections présidentielle et législatives, en 2017, on ne l’avait guère entendue. Elle existait, elle avait remporté des élections locales, mais sa part de voix dans le débat national était minuscule.

"Une riposte de droite à l'attaque de droite"

Surtout, cette droite qui n’arrivait pas à trouver d’angle d’attaque face à Emmanuel Macron a montré qu’elle pouvait pratiquer une opposition combative. C’était très frappant, lors du débat, les candidats ne concentraient pas leurs flèches sur leurs adversaires du moment, mais sur le président de la République : il a "cramé la caisse", a répété Valérie Pécresse pour l’accuser de distribuer l’argent public à tout va ; il a échoué dans tous les domaines du régalien, l’a accusé Éric Ciotti en parlant de l’immigration incontrôlée et de l’insécurité ; il a tout faux, il manque de courage, "il nous prend pour des imbéciles", a même matraqué Xavier Bertrand, le plus agressif de tous.

Tout cela n'est pas très original, ni même très nouveau, mais assister comme ça à un tir groupé à un moment important de la campagne pour la présidentielle, ça modifie un peu la donne. Et naturellement, ça n’a pas échappé à l’Élysée. Dès le lendemain, dans son allocution au 20 heures, le chef de l’État a lancé une contre-offensive. Une riposte de droite à l’attaque de la droite.

Un combat mené contre le chef de l'État

Une nouvelle bataille politique au sein de la droite qui va opposer un président qui parle de la valeur travail (une fois, deux fois, vingt fois dans son discours), un chef de l’État qui promet, pour la première fois depuis 5 ans, de reculer l’âge légal de départ à la retraite, qui relance le nucléaire, qui assume politiquement de durcir les conditions dans lesquels les chômeurs sont indemnisés. Et puis de l’autre côté, une droite républicaine, qui est exactement sur les mêmes créneaux de la politique économique et sociale, mais qui va mener la charge sur les deux gros points faibles du quinquennat Macron : l’immigration et la sécurité.

Tous ont fait l’analyse que la France est très majoritairement de droite, que la bataille politique se gagnera à droite, et qu’il n’y a que peu de risques à dégarnir son flanc gauche tellement cette gauche est faible et dispersé. Tous sont convaincus que les Français sont à la fois écolos, s’inquiètent pour la planète mais pro-nucléaire, ils s’inquiètent pour leur facture énergétique. Sur ce territoire, les deux adversaires jouent très gros : Emmanuel Macron, c’est sa réélection. Et la droite, qui était jusque-là prise en tenaille entre le chef de l’État et l’extrême-droite, joue sa survie.