Une enquête préliminaire pour "provocation publique à la haine raciale" a été ouverte mardi après une opération anti-migrants dans les Pyrénées du groupe d'extrême droite Génération identitaire, a déclaré à l'AFP le procureur de Saint-Gaudens, en Haute-Garonne. Cette enquête est justifiée par des "des propos tenus sur [une] banderole très clairement anti-immigration et surtout la raison pour laquelle cette banderole a été déployée", a précisé Christophe Amunzateguy. Une plainte de SOS Racisme a également été recueillie. La dissolution de Génération identitaire, réclamée de longue date par plusieurs associations et partis politiques, a été évoquée pour la première fois mardi par Gérald Darmanin, "scandalisé" par la récente opération dans les Pyrénées.
La semaine dernière, une trentaine de militants s'étaient déployés entre Luchon et l'Espagne. Avec des voitures sérigraphiées "Défend Europe", ils s'étaient installées au Col du Portillon, certains étaient partis en randonnée en utilisant un drone pour surveiller la frontière. Concernant cette dernière action le 19 janvier, "les gendarmes étaient partis initialement sur un simple renseignement judiciaire au regard de la nature de l'intrusion sur un site EDF (pour déployer la banderole). Les lieux n'étant pas clos, il n'y avait pas eu d'infraction", a précisé le procureur. Mais au regard des images de cette banderole et des auditions des organisateurs expliquant les raisons de leur action, "j'ai considéré que nous n'étions pas sur une simple question d'intrusion et que je souhaitais aller plus loin et voir si je pouvais engager des poursuites".
Trois cadres relaxés en décembre dernier
Selon un message de Génération identitaire posté sur les réseaux sociaux, cette campagne baptisée "Défend Europe" entend lutter contre le "risque terroriste et migratoire dans les Pyrénées". "Cette immigration massive contre laquelle les différents gouvernements n'ont jamais lutté véritablement, nous, Génération identitaire avons décidé de nous y opposer concrètement donc nous avons voulu prêter main forte aux forces de l'ordre", avait indiqué par téléphone Thaïs d'Escufon une porte-parole de Génération identitaire à Toulouse, présente sur l'opération pyrénéenne.
En décembre, Génération identitaire et trois de ses cadres avaient été relaxés par la cour d'appel de Grenoble, dans l'affaire des opérations anti-migrants menées en 2018 dans les Alpes, à la frontière franco-italienne. Les organisateurs de l'action dans les Pyrénées devraient être rapidement entendus par les enquêteurs. Le procureur entend se "donner le temps de la réflexion et de l'analyse pour voir s'il engage des poursuites au regard de la qualification" retenue. Au terme de l'enquête, les organisateurs seront renvoyés en correctionnelle ou le dossier sera classé sans suite.