La rentrée approche à grand pas, pour les politiques aussi. Alors que le gouvernement a retrouvé mercredi les ors de l’Élysée pour un premier Conseil des ministres post-vacances, l’opposition est aussi sur la ligne de départ. À partir de vendredi, la plupart des partis inaugurent leurs traditionnelles universités d’été. Mais ce rendez-vous, qui marque généralement la fin de la trêve estivale, a désormais un peu de plomb dans l’aile.
La gauche dans l’ombre de La France insoumise
Comme chaque année, le Parti socialiste sera fidèle à son traditionnel rendez-vous rochelais, qui se tient du 23 au 25 août. Mais depuis 2017, il n’est plus question pour le parti à la rose de réunir ses militants dans le petit port de Charente-Maritime. Restrictions financières obligent, seuls les élus sont désormais conviés à La Rochelle. En début de semaine, les proches de François Hollande ont démenti la rumeur selon laquelle l’ancien chef de l’État devait s’y rendre pour parler de l’Europe. Les socialistes se consoleront avec le discours de rentrée de leur Premier secrétaire, Olivier Faure, qui clôturera ce rendez-vous samedi.
Toujours à gauche, La France insoumise pourrait bien faire de l’ombre au PS avec ses "AMFIs d’été" à Marseille, le fief de Jean-Luc Mélenchon. À partir du 23 août et jusqu’au 26, le mouvement organise pléthore d’ateliers, de conférences et de rencontres auxquels ont été conviés des élus de tous bords, exception faites de La République en marche et du Rassemblement national. De quoi permettre aux Insoumis de faire montre de leurs capacités de mobilisation, après avoir échoué à organiser la grogne contre la réforme du code du Travail l’année dernière, et ainsi permettre à leur leader Jean-Luc Mélenchon, qui prendra la parole samedi à 17h30, de s’affirmer comme le premier représentant de l’opposition.
À Angers, le PCF, réunis du 24 au 26 août, célébrera le bicentenaire de Karl Marx et le 50ème anniversaire de Mai-68. Trois mois avant leur congrès national, les communistes ne manqueront pas non plus d’évoquer la stratégie à adopter en vue des européennes. Leur chef de fil, Pierre Laurent, prendra la parole samedi en fin de matinée.
Les "Journées d'été" d’Europe Ecologie - Les Verts se tiendront quant à elles du 23 au 25 août à Strasbourg. Éjecté de l’Assemblée nationale lors des dernières législatives, le parti, concurrencé à gauche par Jean-Luc Mélenchon et à droite par la présence de Nicolas Hulot au gouvernement, a tout intérêt à fixer un cap pour les européennes, l’une de ses élections de prédilection, s’il espère reprendre du poil de la bête. Yannick Jadot, tête de liste EELV, a déjà fait savoir qu’il n’y aurait pas d’alliance avec Génération-s, le mouvement de Benoît Hamon qu’il a pourtant soutenu pendant la présidentielle.
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Les Républicains toujours divisés
Neuf mois après son élection, Laurent Wauquiez n’a visiblement pas encore réussi à réunir sa famille politique. La rentrée se fait en ordre dispersé pour Les Républicains, qui organisent plusieurs rassemblements à travers la France. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes procédera le 26 août à sa traditionnelle ascension du mont Mézenc en Haute-Loire.
Valérie Pécresse, qui a pris le leadership de l’aile modérée de LR depuis le retrait d’Alain Juppé, semble lui griller la priorité en organisant deux jours plus tôt, à Brive-la Gaillarde, la rentrée de son association "Libres !". Un proche de la présidente de la région Île-de-France assure pourtant au Parisien qu’il ne s’agit en rien d’une "guéguerre", mais d’un changement de dernière minute, la rentrée de l’élue francilienne étant initialement prévue samedi.
Le 1er septembre, plusieurs fédérations locales se réuniront à La Baule, notamment sous l’égide de Bruno Retailleau, devenu le chef de file des fillonistes depuis qu’il a succédé à l’ex-Premier ministre à la tête du micro-parti Force républicaine. Enfin, les jeunes républicains tiendront leur "campus" d’été du 7 au 9 septembre au Touquet-Paris-Plage.
Le Rassemblement national se serre la ceinture
Frappé à la bourse avec la saisie conservatoire de deux millions d’euros par la justice, le Rassemblement national (ex-FN) a dû sérieusement revoir ses ambitions de rentrée à la baisse. L’université d’été du parti de Marine Le Pen se tiendra à Fréjus, ville gérée par David Rachline, les 14 et 15 septembre. Mais l’habituel meeting de clôture en plein air laissera la place à une soirée plus modeste au théâtre municipal, qui ne compte que 800 places. "Avec la sonorisation, la lumière, cela [le meeting en plein air, ndlr] nous aurait coûté au bas mot 40.000 euros. À l’heure actuelle, il n’est pas question d’y penser", a justifié au Parisien le trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just.
Une rentrée sur la pointe des pieds pour La République en marche
Aucun événement en particulier pour La République en marche, qui se contentera d’une réunion de ses parlementaires à Tours, les 10 et 11 septembre, sur le modèle de ce qui avait déjà été fait en 2017. Une manière pour le parti d’Emmanuel Macron de se mettre en porte à faux des traditions politiques. En revanche, chaque comité pourra organiser sa propre rentrée d’ici la fin du mois de septembre, précise une source interne au Journal du Dimanche. De son côté, le MoDem, principal allié de la majorité, tiendra son université d’été les 21, 22 et 23 septembre à Guidel-Plages, dans le Morbihan.