Face aux membres de l’Institut de France, à des intellectuels et une poignée d’étudiants, l’ancien président Nicolas Sarkozy a livré son analyse des institutions, et notamment la question du recours au 49.3, que le gouvernement envisage fortement d’utiliser pour faire passer la prochaine réforme des retraites.
Nicolas Sarkozy, qui ne l’a pas utilisé lors de sa réforme des retraites en 2010 (il disposait à l’époque d’une majorité absolue) considère que le 49.3 est "une forme de faiblesse". "J’ai eu beaucoup de pression pour l’utiliser, mais je l’ai refusé à François Fillon comme à Bernard Accoyer (respectivement Premier ministre et président de l’Assemblée nationale à l’époque, ndlr) et pour des raisons politiques, pas institutionnelles".
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L’ancien chef de l’Etat prône la confiance à l’Assemblée, pour contenir la violence de la contestation. "On a eu quatre manifestations, dont la dernière avec trois millions de personnes dans la rue. Il n’y a pas eu une violence, pas un coup de bâton. Si j'avais utilisé le 49.3 et contraint l'Assemblée nationale, je prenais le risque qu’il y ait des violences. Le débat à l’Assemblée a valeur de cocotte-minute. Laissez sortir la vapeur, c'est mieux pour ne pas risquer l'explosion."
Un message aux députés des Républicains
Interrogé par le journaliste du Figaro Guillaume Tabard, l’ancien président a aussi adressé un avertissement à peine voilé aux actuels députés LR : "Pour le président, il faut mesurer le rapport coût-risque. Il y a un coût pour le président, mais il y en aussi un pour ceux qui ont soutenu ma réforme repoussant l'âge de départ de 60 à 62 ans et qui devraient expliquer pourquoi ils ne soutiennent pas le passage de 62 à 65 ans."
Nicolas Sarkozy reconnait enfin que son usage peut être utile, et conteste l’expression courante liée au 49.3 : "passer en force". "J'adore cette expression... C'est du morse. Ne pas passer en force, ça veut dire ne pas passer du tout. Parce que si vous pensez que faire passer quelque chose qui consiste à faire travailler les gens plus longtemps, sans gagner plus avec leurs applaudissements frénétiques, c'est qu’on n’a pas tout à fait la même idée de ce qu'est le mood du peuple français", a-t-il déclaré, provoquant les rires de l’assemblée.
François Hollande s’est exprimé devant le même auditoire après. Lui défend cet article dans le cadre actuel – "je l’ai même utilisé" – mais le supprimerait en revanche en cas d’instauration d’un régime présidentiel.